Intervention de amiral Pierre-François Forissier

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 21 octobre 2009 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2010 -Audition de l'amiral pierre-françois forissier chef d'état-major de la marine

amiral Pierre-François Forissier, chef d'état-major de la marine :

En réponse, l'amiral Pierre-François Forissier a indiqué que la base de Brest était la plus grande base de défense envisagée. Avec une base de cette dimension, des marges de manoeuvre sont plus faciles à dégager. Néanmoins, le fait que cette base concerne essentiellement des marins limite la mutualisation des moyens. Selon lui, l'harmonisation et la simplification des processus vont permettre de réaliser des gains considérables. Concernant les Etracos, il a reconnu que le programme de remplacement de ces embarcations avait connu des problèmes et qu'il fallait le reprendre, ce qui occasionnait un retard dans ledit remplacement. A propos du logiciel Chorus qui sera applicable le 1er janvier 2010, il a précisé que le paramétrage du programme était en cours et que le système de comptabilité associé étant radicalement différent du précédent, les méthodes de travail allaient, elles aussi, changer de façon radicale. Il s'est déclaré non pas inquiet, mais vigilant. Enfin, s'agissant du Rafale, il a indiqué que cet avion avait été conçu dès le départ pour être évolutif et que le remplacement du moteur actuel par un moteur plus puissant était quelque chose de tout à fait envisageable. Néanmoins, il y aurait un arbitrage à faire entre les gains que procurerait indubitablement un moteur plus puissant et le coût engendré par le changement de tous les moteurs de Rafale. Il a en outre déclaré qu'il était extrêmement compliqué d'avoir à gérer un parc d'avions avec deux types de moteurs différents à bord d'un porte-avions.

S'agissant des modifications souhaitables à apporter au droit de la mer, il a déclaré que son voeu le plus cher était qu'on ne transpose pas en droit maritime des corpus juridiques appliqués à terre. La mer étant un espace juridique extrêmement diversifié les choses s'y passent, en effet, de façon radicalement différente qu'à terre. La terre est un espace de souveraineté où règne le déterminisme, la mer est au contraire un espace de non souveraineté où le probabilisme domine. La convention de Montego Bay était une étape nécessaire dans l'unification du droit de la mer, mais elle est insuffisante pour ce qui est de la sécurité en mer. Il a rappelé que, en mer, les marins d'Etat remplissaient toutes les missions dévolues, à terre, à des personnes ou à des corps différents. Le marin d'Etat est à la fois un soldat, un pompier, un administrateur, un policier, un diplomate, un formateur...

S'agissant de la base d'Abou Dhabi, il a indiqué qu'il s'agissait d'un choix stratégique et qu'il fallait s'efforcer d'en valoriser les effets positifs - c'est le centre des intérêts français dans le Golfe - et d'en minimiser les inconvénients militaires, en particulier l'effet de nasse, dû à la position de la base au fond du Golfe. Cette base devrait devenir une base opérationnelle et de soutien, mais non un arsenal. Il doit s'agir d'un lieu permettant de relever des équipages et leur permettre de se reposer, ainsi que de réparer les navires. Egalement un lieu d'escales technico-opérationnelles pour reconditionner les navires dans des délais brefs. A cet effet, la chaîne logistique va devoir être particulièrement étudiée afin de réduire les temps de reconditionnement.

Concernant l'avenir de l'hôtel de la marine, le chef d'état-major a rappelé que tous les états-majors français avaient rêvé d'un « Pentagone » de la défense en France et que les marins s'y ralliaient avec enthousiasme et volontarisme. Néanmoins, ils n'étaient pas indifférents aux deux siècles d'histoire qu'ils laisseraient derrière eux dans l'hôtel de la marine, c'est pourquoi la marine souhaitait faire des recommandations à l'Agence France Domaines afin de préserver cette mémoire et ce patrimoine.

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