Intervention de Bernard Kouchner

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 8 juillet 2008 : 1ère réunion
Politique étrangère et européenne — Audition de M. Bernard Kouchner ministre des affaires étrangères et européennes

Bernard Kouchner, M. Josselin de Rohan, président :

Accueillant M. Bernard Kouchner, M. Josselin de Rohan, président, s'est tout d'abord réjoui de la libération de Mme Ingrid Bétancourt, soulignant l'implication constante de la diplomatie française dans ce dossier. Il a exprimé sa conviction que la mobilisation de l'opinion avait fini par porter ses fruits. Il a souhaité que le ministre s'exprime sur la présidence française de l'Union européenne et, en particulier, sur les conséquences du référendum négatif irlandais sur les priorités de cette présidence. Il a particulièrement évoqué les propositions françaises de relance de l'Europe de la défense en s'interrogeant sur les réactions qui se manifesteraient à ce sujet au sein de l'OTAN.

a souligné l'implication de la diplomatie française dans la libération de Mme Ingrid Bétancourt et sa capacité de mobilisation de l'opinion internationale, en particulier des chefs d'Etat latino-américains.

Evoquant ensuite les priorités françaises en matière de politique de sécurité et de défense, il a estimé qu'il était naturel que les structures de l'OTAN manifestent une certaine réticence à des développements plus importants. Il a rappelé que 21 des 27 Etats membres de l'Union européenne appartenaient également à l'OTAN. Il a insisté sur le fait que la France ne s'orienterait vers une pleine participation à la quasi-totalité des structures de l'Alliance qu'au vu des progrès qui pourraient être constatés en matière de défense européenne, la démarche française au sein de l'OTAN devant renforcer sa démarche européenne. Il a relevé que la demande d'Europe de la défense était parfois plus forte à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'Union européenne, les Ukrainiens ayant récemment proposé deux avions pour l'opération EUFOR au Tchad, alors que la Russie a souhaité fournir des hélicoptères. Evoquant les réticences britanniques, il a souligné que le Premier ministre Gordon Brown avait néanmoins tenu ses engagements en faisant procéder à la ratification du traité de Lisbonne, quelques jours seulement après le « non » irlandais.

Il a indiqué que la France souhaitait que la stratégie européenne de sécurité soit actualisée pour la prochaine décennie, que les capacités de gestion civile et militaire des crises soient renforcées, la planification et la conduite des opérations améliorées et qu'un regard nouveau soit porté sur l'industrie de défense. La surveillance maritime et aérienne pourrait également faire l'objet de coopérations.

Soulignant l'effort de défense consenti par le Royaume-Uni, M. Bernard Kouchner a rappelé que le rôle d'autres Etats européens comme l'Italie ou l'Espagne était loin d'être négligeable dans les opérations de maintien de la paix. Il a considéré que le contexte était plutôt prometteur pour les priorités de la présidence française.

a ensuite évoqué la réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce. Il a estimé que le compromis proposé ne présentait que peu d'avantages pour la France en matière de services et d'industrie, alors que, selon certains chiffres qu'il reste à vérifier, il pourrait se traduire par une diminution de 20 % de la production agricole. Il a fait part de l'opposition du Président de la République à une telle solution, alors que la production agricole est actuellement insuffisante à l'échelle mondiale. Il a indiqué qu'une réunion des ministres européens du commerce extérieur se tiendrait le 18 juillet à Bruxelles pour examiner cette question. Il a fait valoir, à titre personnel, la problématique du lien entre les subventions agricoles et l'encouragement des agricultures des pays du Sud. Il a souligné que la France ne se satisfaisait pas de l'accord actuellement proposé. Il a estimé que la libéralisation des échanges devait être régulée.

Evoquant ensuite les résultats très positifs de la présidence slovène, il a rappelé que la France avait travaillé en étroite coopération avec celle-ci sur des dossiers comme le « paquet énergie-climat », l'Union pour la Méditerranée ou encore la crise des Balkans. Sur le plan législatif, la présidence slovène a fait aboutir de nombreux textes, comme le « paquet marché intérieur sur l'énergie » ou encore la directive « retour ». Sur le dossier des Balkans, les autorités slovènes ont fait preuve d'une grande détermination, soutenue par la démarche franco-allemande sur les visas pour les Serbes, et en faveur de la formation d'un gouvernement pro-européen à Belgrade. Evoquant le contentieux entre Skopje et Athènes sur l'appellation de l'ancienne République yougoslave de Macédoine, il a indiqué que la France avait soutenu la Grèce en tant que membre de l'Union européenne, mais que ce différend, serait de plus en plus difficile à expliquer à l'opinion publique et devait être résolu entre les deux pays afin de ne pas laisser la Macédoine à l'écart du processus d'intégration des Balkans occidentaux, au risque de déstabiliser ce pays fragile.

a estimé que les débuts de la présidence française, marqués par la libération de Mme Ingrid Bétancourt, étaient encourageants. Evoquant les commentaires ayant parfois mis en cause l'attitude du Président colombien Alvaro Uribe, il a insisté sur le fait que les FARC avaient évolué vers des pratiques mafieuses et criminelles, qu'il restait de nombreux otages et que la mobilisation sur ce dossier devrait être maintenue.

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