a observé que l'application des Accords de Dayton faisait de la Bosnie-Herzégovine le pays en sortie de crise où la situation sécuritaire est la plus satisfaisante. Cependant la paix a été obtenue par la séparation des peuples au sein d'un édifice institutionnel singulièrement complexe qu'il faudrait modifier pour permettre la viabilité d'un Etat compatible avec l'Union européenne. Après l'échec d'une tentative de révision de la Constitution, les efforts se portent concrètement sur l'intégration des forces de sécurité. Evoquant l'utilisation par les Serbes de Bosnie de la question du Kosovo, M. Jacques Rupnik a estimé que cette stratégie de sécession était essentiellement rhétorique et que le problème principal posé à la Serbie était sa relation avec les Serbes du Kosovo. Il a rappelé à cet égard que l'ensemble des partis politiques serbes étaient attachés au Kosovo dans la Serbie, seul le parti libéral, dont les scores électoraux sont modestes, ayant pris acte du fait accompli. La région de Mitrovica est de facto cogérée par la Serbie qui paie les fonctionnaires qui y travaillent mais la moitié des Serbes du Kosovo vivent en dehors de cette enclave. L'objectif de la politique serbe, c'est une partition du Kosovo, sachant que la reconquête est impossible et que la présence internationale, bien que régulièrement dénoncée, est la meilleure garantie de sécurité pour les Serbes. La répartition géographique entre l'action de la MINUK et celle de la mission européenne pourrait constituer, selon certains observateurs, la préfiguration d'une telle partition. Il s'agirait d'un précédent non négligeable, dont les conséquences, notamment sur la stabilité de la Macédoine, seraient importantes. Il a observé à cet égard que l'accord d'Ohrid, à la différence de ceux de Dayton, avait privilégié l'intégration à la séparation. Il a considéré que l'application au Kosovo de la séparation, sur le « modèle » bosniaque, serait préférable à la partition.