a commencé par présenter l'entreprise qu'il dirige. Il a ainsi précisé que Bouygues Télécom fêtait ses dix ans, qu'elle comptait 8 millions de clients, dont 5,5 millions abonnés à des forfaits téléphoniques, et que son personnel se composait de 7.300 personnes, dont 2.500 conseillers de clientèle, tous localisés en France.
Il a relevé que, malgré un chiffre d'affaires de 4,5 milliards d'euros, Bouygues Télécom ne dégageait qu'un résultat net de 352 millions d'euros. Surtout, il a fait valoir que le cumul des résultats nets de Bouygues Télécom sur dix ans restait négatif, ce qui traduisait bien le risque énorme qu'avait pris l'entreprise et les investissements très lourds qu'elle avait consentis. Il a rappelé que Bouygues Télécom avait dynamisé le marché de la téléphonie mobile en le développant en direction du grand public, notamment grâce à la création des forfaits. Il a observé que la difficulté rencontrée par Bouygues Télécom tenait à la faible couverture de son réseau initial et au fait que ses concurrents, dotés d'une couverture territoriale plus large, s'étaient empressés d'imiter ses innovations commerciales. Revenant sur le positionnement de l'entreprise à l'égard de ses deux concurrents principaux, Orange et SFR, il a relevé que le chiffre d'affaires de Bouygues Télécom représentait le seul résultat opérationnel d'Orange France et a déploré, de ce fait, que le régulateur du secteur, sur les différents dossiers qu'il avait à instruire, traite les trois opérateurs à égalité plutôt qu'en équité. Il a souligné que, malgré cette difficulté, Bouygues Télécom persistait à innover, par exemple en proposant, depuis novembre 2002, des services i-mode utilisant un réseau national haut débit Enhanced Data rates for Global Evolution (EDGE), et, également, en lançant récemment une offre de téléphonie mobile illimitée vers tous les téléphones fixes ou mobiles de 20 h à 24 h.
Malgré ces efforts d'innovation, M. Philippe Montagner, président de Bouygues Télécom, a constaté que la part de marché de son entreprise apparaissait bloquée autour de 17 %, les deux groupes concurrents de Bouygues Télécom freinant la croissance de l'entreprise.
Evoquant les perspectives de l'entreprise, il a estimé qu'elle était confrontée à quatre défis : d'abord, l'entrée sur le marché de la téléphonie mobile des opérateurs virtuels ; ensuite, le développement explosif de la téléphonie sur internet, qui, en raison de sa quasi-gratuité, encourageait une nouvelle substitution, non plus du mobile au fixe, mais du fixe au mobile ; en outre, l'apparition de contraintes réglementaires toujours nouvelles, parmi lesquelles la baisse imposée des tarifs des appels entrants, la mise en oeuvre d'une portabilité des numéros mobiles, certes intéressante pour un troisième opérateur, mais coûteuse à développer, et enfin, la nécessité de déployer de lourds investissements pour le déploiement des réseaux Universal Mobile Telecommunications System (UMTS).
S'agissant de la couverture des zones blanches en téléphonie mobile, M. Philippe Montagner, président de Bouygues Télécom, a assuré la commission du fait que son entreprise avait toujours été volontaire pour contribuer au développement rapide de cette couverture, mais en équité, c'est-à-dire conformément à sa part de marché. Or, a-t-il noté, il n'a pas été possible de convaincre les deux autres opérateurs sur ce point, si bien que le poids de l'élargissement de cette couverture mobile repose finalement, à parts strictement égales, sur les trois opérateurs. Il a par ailleurs observé que plus le temps passait, plus le montage des antennes devenait difficile et long -26 mois désormais contre 18 auparavant- en raison de contraintes réglementaires croissantes.
Concernant l'UMTS, M. Philippe Montagner, président de Bouygues Télécom, a estimé qu'il serait judicieux de parler dès à présent du projet de couverture des zones rurales en UMTS. Il lui a semblé préférable de prévoir cette couverture par un réseau commun aux trois opérateurs utilisant exclusivement la technologie la plus moderne de transfert de données, ce qui permettrait aussi le transport de la voix sur Internet, et qu'il serait utile de le concevoir d'emblée pour organiser ensuite le déploiement complémentaire du réseau de troisième génération de chacun des trois opérateurs.