Après l'introduction de M. Jacques Valade, président, qui a rappelé que l'audition avait été ouverte à l'ensemble des sénateurs, Mme Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, a présenté le projet de loi n° 367 relatif au projet de loi relatif aux libertés des universités, déposé au Sénat le 4 juillet 2007. Elle a insisté sur l'urgence de la réforme de l'université, différée depuis une vingtaine d'années, qui s'explique notamment par une situation extrêmement inquiétante des universités, qui sont aujourd'hui :
- fragmentées : il existe 85 universités sur le territoire, certaines étant de très petite taille ;
- dans des situations inégales : les formations dispensées et les débouchés à leur sortie sont à des niveaux très hétérogènes, ce qui a conduit à l'apparition d'un système à plusieurs vitesses ;
- sous-financées : la dépense moyenne consacrée à un étudiant à l'université est en effet de 7.000 euros par an, contre 10.000 pour un lycéen et 13.000 pour un élève de classe préparatoire aux grandes écoles. La France se retrouve ainsi dans une situation unique au sein de l'Organisation de coopération et développement économiques (OCDE) où l'on dépense davantage pour un lycéen que pour un étudiant. Sachant que 85 % de cette dépense correspondent à des heures d'enseignement, on peut aisément comprendre la conséquence de cette différence de situation ;
- et sur-administrées : l'empilement des procédures et des structures, le verrouillage de la tutelle, et l'encombrement des conseils d'administration en sont les manifestations les plus évidentes. Il en résulte une défiance vis-à-vis des autorités de l'Etat et la désignation de présidents d'université élus du fait d'un consensus mou plutôt qu'autour d'un projet ambitieux.
Citant ensuite comme révélateur un sondage selon lequel deux tiers des étudiants à l'université auraient préféré étudier ailleurs, Mme Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, a par ailleurs jugé que les étudiants étaient mal orientés et mal encadrés, trop nombreux à échouer, insuffisamment insérés dans la vie professionnelle, et que le niveau de qualification de la jeunesse française n'était pas assez élevé. Elle a illustré son propos en rappelant que seulement 37 % d'une classe d'âge atteint le niveau de la licence, alors que l'objectif de l'Union européenne fixé à Lisbonne est de 50 %, que 90.000 étudiants quittent chaque année l'université sans diplôme, et que 19 % des diplômés sont au chômage.