Intervention de Jean-Paul Herteman

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 16 avril 2008 : 1ère réunion
Industrie de défense — Audition de M. Jean-Paul Herteman président-directeur général de safran

Jean-Paul Herteman, président du directoire de Safran :

En réponse, M. Jean-Paul Herteman a indiqué que l'interprétation des décisions de la CIEEMG était parfois difficile. La vision de la direction générale de l'armement (DGA) de ce point de vue n'est pas à remettre en cause. Il a indiqué qu'une DGA, bien intégrée au ministère de la défense, de même qu'une simplification de la chaîne de commandement seraient de nature à améliorer cette situation. S'agissant de la SIMMAD, il a indiqué qu'il lui était difficile de porter un jugement objectif, car il y avait parfois des dysfonctionnements préjudiciables. A quoi sert-il d'acheter des avions tous les ans, si l'on n'a pas les moyens de les entretenir ? Enfin, s'agissant de la recherche et la technologie, il a souhaité que l'AED soit pilotée par des représentants des nations, conscients du fait qu'aller vers l'Europe de la défense ne peut se faire que dans le respect de la propriété intellectuelle des industriels.

Enfin, M. Jean-Pierre Fourcade s'est interrogé sur le fait de savoir si la cession des activités de Safran dans le haut débit, et bientôt dans la téléphonie mobile, ne se traduirait pas mécaniquement par une augmentation de la part des activités militaires dans le groupe ou bien si le groupe escomptait un développement des activités civiles de nature à compenser ces cessions d'actifs. M. Jean-Pierre Fourcade a également questionné M. Jean-Paul Herteman sur le fait de savoir d'où venait la « frénésie technologique » de certains programmes et comment y remédier.

En réponse, M. Jean-Paul Herteman a indiqué qu'effectivement, les activités cédées représentaient près de 20 % de l'ensemble du groupe ce qui mécaniquement se traduirait par une augmentation de la part des activités liées à la défense, sachant néanmoins que l'aéronautique civile est encore sur un taux de développement très fort, de l'ordre de 10 % par an. Il a indiqué cependant que Safran était très présent dans le domaine de la sécurité et en particulier sur le marché des solutions de maîtrise de l'identité, biométrie en particulier. Les perspectives de croissance de ce métier devraient, à long terme, permettre d'asseoir les activités du groupe sur une sorte de « tabouret à trois pieds » formés par les activités aéronautiques, la défense et la sécurité.

Concernant l'abus de technologie, M. Jean-Paul Herteman a reconnu que les industriels avaient une part de responsabilité, mais cela n'était pas spécifique aux industries de défense. L'importance des paris technologiques industriels fait aussi qu'il est souvent difficile de maîtriser les délais et les coûts. Dans le monde actuel, ne pas prendre de risques est contraire à l'idée d'innovation et d'entreprise industrielle, mais encore faut-il que ces risques soient acceptables. Bien souvent les dépassements constatés ne viennent pas tant d'une fuite en avant technologique que d'une mauvaise gestion des programmes. Il y faut de la rigueur et de la maîtrise. M. Jean-Paul Herteman a cité l'exemple des principes simples, mais efficaces, qui ont prévalu dans la coopération autour du CFM 56. On se partage le travail une bonne fois pour toutes, on se partage les bénéfices et chacun fait son affaire de ses coûts.

En conclusion, M. Jean-Paul Herteman a indiqué que la maîtrise du risque pourrait reposer, à l'avenir, sur un triangle entre les états-majors qui disposent de la vision capacitaire, la DGA qui a un rôle-pivot entre les premiers et l'offre technologique et industrielle, et enfin l'industrie elle-même.

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