Intervention de Guillaume Pepy

Commission des affaires économiques — Réunion du 6 mai 2008 : 1ère réunion
Transports ferroviaires — Audition de M. Guillaume Pépy président de la société nationale des chemins de fer français sncf

Guillaume Pepy, président de la SNCF :

a indiqué en préambule que son audition lui fournissait sa première occasion de s'exprimer depuis sa prise de fonctions devant des parlementaires. Il a fait part de son désir de discuter, avec eux, des choix stratégiques de l'entreprise, qui étaient en cours de définition pour les quatre à cinq années à venir. Relevant que la SNCF était l'entreprise la plus connue des Français et qu'elle jouissait d'une image très puissante, il a souligné qu'elle était paradoxalement en même temps mal connue et faisait l'objet de beaucoup de stéréotypes. Il a rappelé que l'entreprise publique et les différentes sociétés du groupe représentaient 220.000 salariés et 24 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Il a souligné que le résultat positif, obtenu hors subvention d'exploitation, s'établissait à 650 millions d'euros cette année, ce qui avait permis à la SNCF de verser à l'Etat un dividende de 131 millions d'euros, 50 millions d'euros de ce dividende ayant été affectés aux infrastructures ferroviaires. Il s'est félicité de ce que le Président de la République lui ait adressé, à sa nomination, une lettre de mission symbolisant les choix-clefs de l'Etat en matière de politique ferroviaire. Cette lettre de mission révèle que la France a une grande ambition pour la SNCF, ce qui s'inscrit pleinement dans le cadre du Grenelle de l'environnement : il s'agit de mettre la SNCF et le rail au coeur du développement de la société. Il s'ensuit que le redressement du fret ferroviaire constitue sa première priorité. Cela impose, d'une part, qu'il relève d'une dimension européenne, et non plus seulement nationale et, d'autre part, que l'entreprise maîtrise les autres modes de transport. M. Guillaume Pépy, président de la SNCF, a fait observer qu'aucun des dix premiers logisticiens mondiaux n'était français et que cette activité était aujourd'hui dominée par des sociétés allemandes. L'ensemble SNCF - Géodis, qui sera un acteur multimodal, même si le ferroviaire y occupe naturellement une place très importante, devrait se classer au quatrième rang mondial des logisticiens. Il a jugé que la France avait besoin d'un grand logisticien pour favoriser le maintien de son tissu industriel.

La seconde priorité établie par sa lettre de mission consiste à amener les différentes activités de la SNCF au niveau de réussite qu'a atteint le train à grande vitesse (TGV). Cela demande naturellement des investissements importants, mais, d'une part, la SNCF dégage désormais une capacité d'autofinancement et, d'autre part, elle peut, dans une certaine mesure, recourir à l'emprunt.

La troisième priorité est de contribuer à la remise à niveau du réseau ferroviaire. La France a la chance de disposer d'un réseau classique très dense, en cours de modernisation, et d'un réseau à grande vitesse qui peut être connecté au premier. Cette complémentarité et l'effort de remise à niveau doivent permettre à terme de développer des solutions nouvelles, comme le TGV-fret, ou la montée en puissance d'opérateurs de proximité de fret ferroviaire.

La dernière priorité, pour la SNCF, est de contribuer à faire de la France le leader mondial de l'exportation de la grande vitesse. A ce titre, il faut notamment que le TGV de la SNCF soit plus présent dans les autres pays européens comme l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne.

L'ensemble de ces priorités renvoie à un concept fort, élaboré par Mme Anne-Marie Idrac lorsqu'elle présidait la SNCF : celui de l'écomobilité, c'est-à-dire une mobilité économe et écologique. De ce point de vue, le Grenelle de l'environnement offre des opportunités majeures à la SNCF, mais en même temps il oblige l'entreprise publique. A cet égard, le recours à des locomotives diesel pour tirer quelques wagons est sans doute critiquable et la SNCF doit faire des efforts plus importants que par le passé en matière de performances énergétiques et environnementales. M. Guillaume Pépy a conclu par deux constats : d'une part, ce projet extrêmement ambitieux repose sur le redressement opéré par ses prédécesseurs ; d'autre part, sur le plan social, un tel projet est de nature à mobiliser les personnels et à conforter une situation sociale fragile, domaine qui recueille toute son attention.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion