En réponse à ces différentes interventions, M. Pierre Gadonneix a apporté les précisions suivantes :
- les travaux de démantèlement de la centrale de Brennilis avaient été démarrés mais ont été interrompus, pour une durée d'environ deux années, en raison d'une procédure contentieuse, introduite par une association et qui a aujourd'hui abouti. Ceci a pour effet d'accroître le coût de l'opération, laquelle est appelée, en tout état de cause, à se poursuivre dès que possible ;
- le coefficient de 2,58 utilisé pour convertir l'électricité en énergie primaire présente un caractère conventionnel et correspond au rendement moyen des centrales de production françaises ;
- il existe, en France, un potentiel limité de développement de l'électricité hydraulique dans la mesure où les grands sites sont déjà équipés. Selon certaines estimations, il serait possible de produire entre 2 et 7 térawattheures (TWh) supplémentaires chaque année, sur un potentiel total évalué à 70 TWh. Compte tenu de l'existence de demandes tendant à l'effacement de certains barrages et de la nécessité d'assurer, avec l'application du débit réservé, un flux régulier d'eau dans les cours d'eau, l'enjeu principal est de maintenir le solde net annuel de production hydroélectrique à son équilibre actuel ;
- l'électricité d'origine éolienne présente un coût supérieur à celle provenant des moyens thermiques ou nucléaire. Pour autant, cette réalité économique ne rend pas illégitime le recours à cette énergie, compte tenu des incertitudes qui entourent le niveau, dans les prochaines années, du prix de l'électricité. A cet égard, une augmentation du prix des énergies fossiles pourrait, à l'avenir, limiter ces surcoûts ;
- il existe encore un potentiel important pour augmenter le rendement de l'énergie solaire, notamment sous l'effet des gains liés aux progrès technologiques et à la diffusion de cette technique. En revanche, le coût de l'éolien se situe désormais vraisemblablement à son optimum économique et offre peu de possibilités d'amélioration ;
- le développement de la part de l'éolien dans le mix énergétique français met en lumière les deux questions que sont les impacts sur les paysages et le caractère irrégulier de la production d'énergie qui en résulte ;
- comparé à l'électricité d'origine thermique et nucléaire, l'éolien présente un surcoût de 50 % et le solaire de l'ordre de 500 %, même si, dans le second cas, ce surcoût est appelé à diminuer ;
- comme dans la plupart des pays, les surcoûts liés à la promotion des énergies renouvelables sont supportés par le consommateur, par l'intermédiaire, en France, du mécanisme de compensation des charges de service public de l'électricité (CSPE) ;
- l'énergie issue de la biomasse est appelée à se développer, même si son potentiel apparaît limité en raison de son coût et de la concurrence avec les usages alimentaires des productions agricoles ;
- l'âge moyen des centrales nucléaires françaises est de 23 ans, la plus ancienne ayant été mise en service il y a 30 ans. Les 58 réacteurs ont d'ailleurs été construits au cours d'une période relativement courte de 15 années. Même si la plupart d'entre eux n'atteindront pas cette durée, EDF espère que ces réacteurs, conçus pour fonctionner pendant 40 ans, pourront fonctionner jusqu'à 60 ans comme c'est déjà le cas pour nombre d'entre eux aux Etats-Unis présentant des caractéristiques techniques comparables. Il n'y a donc pas d'urgence à entamer, dès aujourd'hui, le renouvellement, du parc nucléaire et la construction du réacteur EPR sur le site de Flamanville répond avant tout à la nécessité de satisfaire les besoins supplémentaires de consommation. Dans l'attente de ce renouvellement, EDF a pour ambition de construire plusieurs centrales nucléaires à l'étranger. De la sorte, l'entreprise disposera des compétences humaines et scientifiques pour entamer, le moment voulu, le processus de renouvellement de son parc en France ;
- le modèle de réacteur EPR est appelé à être utilisé pendant une vingtaine d'années, dans l'attente du développement des réacteurs de quatrième génération. Par ailleurs, EDF est candidate pour assurer la construction du deuxième réacteur EPR, récemment annoncée par le Président de la République ;
- en comparaison de pays asiatiques, les Etats-Unis, le Canada ou le Mexique, la France est celui dans lequel les lignes électriques sont le plus massivement enfouies. La filiale d'EDF dédiée à la gestion du réseau de distribution, Electricité réseau distribution France (ERDF), consacre des investissements importants aux actions d'enfouissement, notamment pour renforcer la sécurité du réseau, considération qui prime sur le caractère peu esthétique de ces lignes ;
- les besoins de chauffage sont plus importants en hiver, mais pas nécessairement aux heures de pointes de consommation d'électricité. Dans ces conditions, le recours au chauffage électrique ne suppose pas nécessairement la mobilisation de moyens de production thermique. Selon différentes estimations, un kilowattheure de chauffage électrique émet entre 150 et 200 grammes de CO2 ;
- un ballon d'eau chaude consomme, à lui seul, 55 kWh d'énergie primaire par mètre carré et par an dans une habitation « standard ». Dans ces conditions, il apparaît nécessaire de moduler de manière appropriée le seuil des 50 kWh ou d'exclure, dans le décompte des consommations d'énergie des constructions neuves, celles qui sont liées à la production d'eau chaude sanitaire pour permettre de continuer à équiper les logements neufs en électricité pour le chauffage et l'eau chaude ;
- EDF Energies Nouvelles, filiale d'EDF, a récemment lancé une augmentation de capital de 500 millions d'euros, notamment dans le but de financer un programme en faveur du développement de l'énergie solaire ;
- le développement de batteries électriques performantes et autonomes constitue un enjeu important pour diffuser la technologie des véhicules électriques. A ce titre, l'une des pistes envisagées pourrait s'appuyer sur les véhicules hybrides rechargeables qui permettent de lever ces difficultés. En l'état actuel des techniques disponibles, les batteries sont encore trop coûteuses, trop lourdes et peu autonomes ;
- il est possible de stocker de l'électricité grâce aux stations de transfert d'énergie par pompage (STEP) qui permettent de produire de l'électricité lors des pointes de consommation et d'utiliser l'énergie des centrales nucléaires, pendant la nuit, pour remonter l'eau dans une retenue, laquelle sera réutilisée pour produire de l'électricité. Cette technique nécessite cependant des investissements importants ;
- il est techniquement possible de moduler la puissance des centrales nucléaires, mais celles-ci sont avant tout conçues pour fonctionner de manière régulière et assurer des besoins de consommation « de base » ;
- le fonds dédié pour le financement des opérations de démantèlement est géré par des comités indépendants d'EDF et les sommes sont placées afin de limiter les risques. Ceci étant, la crise financière a eu nécessairement un impact sur le niveau de ces fonds, évalué à moins de 10 %. La loi oblige EDF à réalimenter ce fonds pour atteindre la somme de 16 milliards d'euros en 2011 ;
- certains consommateurs ont éprouvé des difficultés pour être raccordés au réseau au moment de la séparation entre les activités liées à la gestion du réseau et celles ayant trait à la commercialisation. Ces difficultés sont toutefois en passe d'être surmontées. S'agissant des délais de raccordement des installations de production, y compris celles d'une puissance modeste, ils peuvent être plus longs car il est nécessaire d'en examiner les conséquences en termes de sûreté pour les réseaux de distribution.