En réponse à cette première série d'intervenants, M. Guy Paillotin a fait part des réflexions suivantes :
- la stagnation des rendements dans toutes les cultures qui utilisent des produits phytosanitaires, voire leur réduction, démontre qu'un mode de production agricole trop intensif conduit inéluctablement à une impasse ; il est donc impératif de sortir l'agriculture, notamment européenne, de la dépendance des produits phytosanitaires ;
- mais il est une seconde raison économique à ce mouvement : face à la demande sociale d'une agriculture « plus saine » qui se renforce, les concurrents de l'agriculture européenne qui utilisent peu d'intrants en font d'ores et déjà un argument commercial de vente qui rencontre un certain succès ;
- tous les acteurs responsables, y compris parmi les organisations non gouvernementales (ONG) de défense de l'environnement, sont conscients qu'il faut accorder du temps pour trouver des solutions alternatives ; reste qu'il faut se mettre d'ores et déjà en mouvement de façon à ce que des premiers résultats significatifs soient enregistrés dans les années à venir ;
- l'adhésion des agriculteurs à la démarche est indispensable, mais en réalité, beaucoup sont d'ores et déjà convaincus, à la fois au plan sanitaire (pour leur propre santé) et au plan économique (le coût des intrants ne cesse d'augmenter, les rendements stagnent et les consommateurs sont exigeants) ;
- d'ailleurs, aujourd'hui déjà, une partie significative des producteurs compte des taux d'utilisation de produits phytosanitaires très largement inférieurs à la moyenne : c'est donc que dès à présent, les techniques et méthodes de production permettent d'avancer ; si certains agriculteurs y arrivent, c'est en général qu'ils suivent des formations, acceptent des conseils, mutualisent les bonnes pratiques, etc... ; une part essentielle du succès du Plan EcoPhyto 2018 repose sur la généralisation de ces comportements, à mesure notamment du renouvellement des générations dans le monde agricole ;
- les productions dites « orphelines », c'est-à-dire celles, essentiellement maraichères et fruitières, pour lesquelles les industriels phytosanitaires n'engagent pas de recherches nouvelles et se retirent du marché car celui-ci, du fait de son étroitesse, n'est pas rentable, sont un problème en tant que tel qui n'est pas lié au Plan EcoPhyto 2018 et qui nécessiterait une réflexion ad hoc.