Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je tiens tout d’abord à remercier mon co-rapporteur Yannick Botrel de l’exposé qu’il vient de faire au nom de la commission des finances. Pour ma part, je formulerai également en conclusion quelques observations à titre personnel.
Je voudrais d’abord faire une remarque sur les dépenses fiscales rattachées à la mission en 2012. Vous trouverez tous les éléments chiffrés dans notre rapport. Je ne m’attarderai donc pas sur leur détail.
Je relève avec une grande satisfaction que le rapport du Comité d’évaluation des dépenses fiscales et des niches sociales, dit « rapport Guillaume », affiche des résultats satisfaisants pour la mission APAFAR. En effet, la grande majorité des mesures rattachées à la mission sont jugées efficaces. Sur trente-sept dispositions évaluées, représentant près de 2, 2 milliards d’euros, vingt-huit sont jugées assez ou très efficaces et couvrent la quasi-totalité des 2, 2 milliards d’euros de dépenses.
Les neuf niches fiscales inefficaces ne coûteraient en effet que 2 millions d’euros, soit moins de 0, 1 % des dépenses fiscales rattachées à la mission.
Nous demandons qu’un tel effort dans l’évaluation des dépenses fiscales soit poursuivi régulièrement.
Pour l’heure, monsieur le ministre, pourrions-nous au moins disposer dans le projet annuel de performances de la mission APAFAR d’un récapitulatif global à l’échelle de la mission de ces mesures ?
J’en viens à mes observations sur chacun des deux programmes de la mission dont je suis chargé, ainsi qu’au compte d’affectation spéciale « Développement agricole et rural ».
Je me félicite tout d’abord que le programme 149 « Forêt » dispose à partir d’une nouvelle nomenclature, dont l’objectif est d’offrir une présentation par dispositif permettant un meilleur suivi de l’exécution des crédits.
Je retiens surtout que le principal opérateur du programme, l’Office national des forêts, sur lequel j’ai rédigé un rapport au début de l’année 2010, voit sa subvention augmenter légèrement depuis trois ans. Sa situation financière reste en effet difficile.
L’article 48 du présent projet de loi de finances va bien dans le sens d’une clarification des relations financières de l’office avec l’État et les collectivités territoriales, mais ce ne sera malheureusement pas suffisant.
Les nombreuses suppressions de postes intervenues à l’ONF doivent être relevées. Avec 9 500 salariés aujourd’hui, l’Office a perdu plus du tiers de ses effectifs en vingt-cinq ans. Il en découle évidemment un climat social dégradé, sur lequel on peut s’interroger.
Les dépenses fiscales qui relèvent du programme 149 « Forêt » doivent incarner les priorités stratégiques de la politique forestière, centrée notamment sur une meilleure valorisation de la ressource bois.
La mise en place du compte d’épargne d’assurance pour la forêt doit contribuer plus particulièrement à relever ce défi, mais sous réserve de sa diffusion auprès des sylviculteurs. Où en est-on à ce sujet, monsieur le ministre ?
J’en arrive maintenant au quatrième programme de la mission, le programme 215 « Conduite et pilotage des politiques de l’agriculture », qui est en fait le programme support de la mission. Il se caractérise par un suivi scrupuleux de la démarche de suppressions d’emplois, au moment où des efforts de plus en plus importants sont exigés de la part de nos administrations.
Le plafond d’emplois baisse ainsi de 381 équivalents temps plein travaillé, ou ETPT, en 2012, après avoir été réduit de 375 ETPT en 2011, de 613 ETPT en 2010 et de 1 124 ETPT en 2009.
Nous préconisons une ventilation des dépenses de personnel entre les différents programmes de la mission pour la présentation du projet de loi de finances pour 2013, dans la mesure où la concentration des crédits de titre 2 de la mission au sein d’un unique programme support, le programme 215, n’est plus aujourd’hui justifiée par les adaptations liées à la mise en œuvre de la loi organique du 1er août 2001 relative aux lois de finances, la LOLF, ou par la réorganisation du ministère. Monsieur le ministre, pouvez-vous prendre aujourd’hui l’engagement de procéder à cette ventilation l’année prochaine ?
Par ailleurs, le recensement général agricole, opération rendue obligatoire pour tous les États membres de l’Union européenne, s’est terminé cette année. Pouvez-vous nous en dresser un rapide bilan ?
J’en viens au CASDAR.
Ses recettes sont constituées de 85 % du produit de la taxe sur le chiffre d’affaires des exploitants agricoles. Elles sont évaluées à 110, 5 millions d’euros pour 2012, étant précisé que, s’agissant d’un compte d’affectation spéciale, le montant des engagements est ajusté tout au long de l’année au niveau de la recette constatée.
Alors que les recettes du CASDAR ont été sous-évaluées plusieurs années consécutives et que les crédits ont été relativement sous-consommés, cela n’a pas été le cas en 2010. La fin de l’écart positif entre les ressources et les dépenses du compte ne plaide donc plus pour une baisse de la fraction du produit de la taxe affectée au CASDAR. En revanche, une utilisation plus optimale des crédits est toujours requise.
Or le paradoxe veut que ce soit pendant cette période plus difficile pour le compte que de nouvelles compétences lui aient été dévolues. Je pense par exemple au financement des actions de génétique animale depuis cette année.
Je relève surtout que le recours à des comités scientifiques au cours des procédures d’appel à projets représente une avancée notable, de même que la multiplication des contrôles et des évaluations des projets de développement agricole et rural.
Ce souhait résulte notamment du constat, déjà formulé, sur la justification insuffisante des crédits. Cette insuffisance ne permet pas de s’assurer que les crédits « fléchés » vers les chambres ou les instituts vont aux projets de développement, et non aux structures elles-mêmes.
Dans son rapport public annuel pour 2008, la Cour des comptes a ainsi relevé que, en matière d’aides au développement agricole, « la répartition des aides a toujours été fondée, de fait, non sur la nature des projets, mais sur la reconduction des subventions dans une logique de financement pérenne des structures ». Je souligne qu’une telle « logique d’abonnement aux aides » est aux antipodes d’une démarche de performance.
À titre personnel, je suis favorable à l’adoption des crédits de la mission « Agriculture, pêche, alimentation, forêt et affaires rurales », même si la commission des finances a fait le choix de demander à la Haute Assemblée le rejet des crédits.
En revanche, je partage totalement les propositions qui nous ont été faites sur l’adoption des crédits du CASDAR, sous le bénéfice des observations que j’ai formulées, ainsi que des trois articles rattachés.
Comme l’a rappelé notre collègue Yannick Botrel, j’ai effectivement demandé, voilà un peu plus de deux ans, dans un rapport d’information sur l’enquête de la Cour des comptes sur l’Office national des forêts, le réexamen du partage du coût du régime forestier, car le calcul des frais de garderie manque d’équité. L’article 48 du projet de loi de finances pour 2012 va dans ce sens ; je m’en félicite.