De surcroît, la longueur des procédures donne un caractère particulièrement chronophage et inopérant à ce type de recours. En moyenne, les procédures se déroulent sur plus de deux ans ; dans certains cas, elles peuvent durer dix ans.
Alors que j'ai évoqué à l'instant les États-Unis, certains se demandent peut-être pourquoi je n'ai pas cité les pays européens ayant adopté un tel dispositif. Prenons donc le cas du Portugal, où une récente action engagée contre des opérateurs téléphoniques s'est achevée au bout de quatre ans. À titre de comparaison, la médiation aboutit généralement en moins de six mois, parfois en deux, trois ou quatre mois.
Enfin, mesdames, messieurs les sénateurs, sachez que, dans la majorité des cas, les gains retirés par les consommateurs sont infimes, notamment au regard des coûts de procédure suscités. Cela conduit très souvent à de véritables aberrations : j'ai en tête l'exemple d'un plaignant allemand qui risque de supporter des frais de plus de 8 000 euros, alors que le montant de sa plainte s'élève à 5 000 euros. Quel comble ! In fine, même si l'action qu'il a intentée lui donne raison, un consommateur doit parfois payer plus que le montant de la réparation escompté.
Je veux vous rappeler que le Gouvernement a souhaité privilégier des solutions plus adaptées pour réparer et faire cesser rapidement les préjudices subis par les consommateurs, reposant, d'une part, sur le développement et la généralisation de la médiation, et, d'autre part, sur la modernisation des pouvoirs de la DGCCRF. Le dispositif de sanctions administratives est ainsi modernisé. Le projet de loi permet également de mieux protéger les consommateurs contre les clauses abusives.
Ce dispositif était demandé par toutes les associations de consommateurs. Il a d'ailleurs parfois fait craindre dans les autres ministères, notamment à la Chancellerie, que l'on ne fasse adopter un mécanisme du même type que celui de l'action de groupe.
Toutefois, aux termes du mécanisme que je vous propose d'introduire dans notre droit, lorsqu'une clause sera jugée abusive et supprimée d'un contrat à la suite d'un jugement, elle sera également abrogée dans tous les contrats identiques conclus par des consommateurs avec le professionnel concerné. C'est l'assurance de faire cesser le préjudice pour l'ensemble des consommateurs visés.