La commission propose donc de transformer ce projet de loi en le complétant par trois volets : des mesures ambitieuses pour réduire les dépenses contraintes ; un dispositif d'action de groupe à la française pour améliorer l'effectivité des droits des consommateurs ; enfin, des dispositions fortes relatives au crédit à la consommation, que nous examinerons prochainement.
S'agissant des dépenses contraintes, j'ai identifié trois postes de dépenses essentiels pour le pouvoir d'achat des Français, qui mériteraient par conséquent de faire l'objet d'une approche plus volontariste.
Le premier poste est le logement. La commission a adopté un amendement visant à freiner la hausse des loyers à la relocation. En effet, cette hausse rend illusoire, notamment dans les « zones tendues », le droit au logement pourtant consacré par la loi. Alertés par les associations de consommateurs sur les « honoraires exorbitants » réclamés par certaines agences, nous avons adopté un amendement tendant à plafonner les frais d'agence.
Le deuxième poste crucial est l'énergie. La commission a adopté un amendement ayant pour objet de garantir aux consommateurs l'accès à un volume minimal d'électricité et de gaz à un coût très réduit. Cette mesure, qui présente un double avantage, social et environnemental, nous paraît d'autant plus urgente qu'une décision récente du Conseil d'État a conduit le Gouvernement à annoncer une augmentation de près de 5 % des tarifs réglementés du gaz à partir du 1er janvier 2012. L'instauration concomitante d'une tarification progressive permettrait donc de réduire l'impact d'une telle mesure sur les ménages modestes.
Le troisième poste est la téléphonie mobile. La commission a adopté un amendement visant à contraindre les opérateurs à distinguer, sur chaque facture, la part du coût de l'abonnement et celle de l'amortissement du téléphone. Cette disposition permettra aux abonnés de connaître l'affectation de leurs dépenses en services de communications électroniques mobiles, et de mieux comparer les différentes offres concurrentes.
Outre ces mesures sur les dépenses contraintes, la commission a adopté, sur l'initiative de Mme Nicole Bonnefoy, rapporteur pour avis de la commission des lois, une mesure importante destinée à renforcer l'effectivité des droits des consommateurs : la création d'une action de groupe à la française. Sans m'étendre sur ce sujet que notre collègue développera, je me félicite de l'adoption de ce dispositif, qui permettra d'indemniser enfin, de manière juste et effective, des préjudices qui, aujourd'hui, n'ouvrent droit à aucune réparation.
Enfin, il me semble indispensable que le projet de loi aborde des questions auxquelles il n'a pas encore été apporté de réponse satisfaisante, notamment la prévention du surendettement des ménages. C'est pourquoi j'accueillerai favorablement un certain nombre d'amendements déposés sur ce sujet, que nous examinerons dans les prochains jours.
J'en viens à nos propositions de modification du projet de loi qui nous a été transmis. Dans un esprit constructif – je le répète –, la commission a conforté les avancées que ce texte comportait, s'agissant notamment de l'optique-lunetterie, sur l'initiative de notre collègue Gérard Cornu.
En revanche, la commission a supprimé certaines modifications contestables adoptées par l'Assemblée nationale.
Elle a ainsi rétabli, à l'unanimité, le mandat exclusif que les députés avaient remis en cause.
Elle a également réécrit l'article 1er du projet de loi relatif aux conventions d'affiliation dans le secteur de la grande distribution alimentaire. Après avoir pris connaissance d'un avis émis par l'Autorité de la concurrence, qui soulignait le très faible taux de changement d'enseigne des magasins dans la grande distribution, le Gouvernement avait intégré à son projet de loi un certain nombre de préconisations visant à supprimer les obstacles juridiques au changement d'enseigne. Cependant, à la suite de réactions très vives dans le secteur de la grande distribution, les députés ont affaibli le texte ; ils l'ont même, sur certains points, vidé de sa portée.
La commission a donc réécrit l'article 1er afin de rapprocher son texte des préconisations de l'Autorité de la concurrence. J'espère que, au sein de la Haute Assemblée, le consensus le plus large pourra prévaloir sur ces questions.
En conclusion, mes chers collègues, si toutes ces avancées sont intégrées au projet de loi, nous pourrons être fiers du texte que le Sénat adoptera, car il sera porteur d'une grande ambition pour améliorer concrètement, comme vous le souhaitez, monsieur le secrétaire d'État, la vie de nos concitoyens.