Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, comment pourrait-on contester le bien-fondé d'un projet de loi visant à renforcer les droits, la protection et l'information des consommateurs ? Cet objectif est bien évidemment louable, et il convient de saluer la volonté du Gouvernement de s'atteler à cet ouvrage, en se fondant sur les plaintes reçues par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes au cours de l'année 2010.
Cependant, à l'instar de M. le rapporteur, il convient de s'interroger sur certains aspects de la politique du Gouvernement qui semblent contredire l'objectif visé. Je mentionnerai simplement le paradoxe qui consiste à vouloir renforcer les droits des consommateurs, en élargissant notamment les champs de compétence de la DGCCRF et en renforçant son pouvoir de justice administrative, alors que les moyens financiers et humains de cette direction ont été substantiellement réduits par le Gouvernement ces dernières années.
Il suffit de se reporter à la discussion que nous avons eue dernièrement à ce sujet, lors de l'examen par la Haute Assemblée de la mission « Économie », pour comprendre le malaise qui résulte de ce choix politique. La DGCCRF est une institution indispensable pour garantir l'effectivité des droits des consommateurs. On ne peut donc que s'inquiéter de la réduction de ses moyens, qui a conduit inexorablement à une véritable chute des contrôles, de l'ordre de 13 % entre 2006 et 2010 ! Ce choix de politique économique du Gouvernement paraît donc éminemment contradictoire avec l'affirmation d'une volonté sans faille de renforcement de la protection du consommateur.
Néanmoins, M. le rapporteur a souligné très justement sa volonté de travailler dans une logique « constructive », et je l'en remercie. Je tiens d'ailleurs à saluer son excellent travail, ainsi que celui de Mme le rapporteur pour avis de la commission des lois.
La commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire a modifié de façon substantielle le texte voté par l'Assemblée nationale, en visant toujours le même objectif : mieux garantir les droits des consommateurs et leur effectivité.
Monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, nous partageons tous la volonté de mieux protéger les consommateurs. Le RDSE attache une attention particulière à cet objectif, car il s'agit aussi d'une question de justice et d'équité.
Or certaines dispositions du texte, tel qu'il a été adopté à l'Assemblée nationale, pouvaient paraître insuffisantes ou incomplètes, voire contraires à l'esprit qui sous-tend ce projet de loi.
Il en est ainsi de certaines mesures prévues à l'article 2, substantiellement modifié en première lecture par l'Assemblée nationale. Nos collègues députés avaient notamment vidé de sa substance le mandat exclusif des agents immobiliers, qui, comme l'a très bien souligné notre rapporteur, ne pose pas de problème en tant que tel, et dont la remise en cause pourrait même être moins favorable aux consommateurs. En revanche, cette relation contractuelle méritait d'être mieux encadrée pour garantir les droits des clients. C'est chose faite, grâce à un amendement adopté en commission.
De même, la dépénalisation du défaut de déclaration préalable auprès de la préfecture, par toute agence immobilière souhaitant ouvrir une succursale, ne constituait nullement une avancée pour les droits des consommateurs. C'est pourquoi la commission de l'économie est revenue sur cette disposition adoptée à l'Assemblée nationale.
L'adoption en commission des autres amendements portant sur l'article 2, qui ont pour objet le secteur immobilier, l'hébergement collectif des personnes âgées et les services à domicile, a permis de renforcer les droits des locataires, notamment grâce aux dispositions relatives à l'état des lieux, aux frais d'huissiers de justice ou au délai de préavis dans les « zones tendues ».
Plusieurs de mes collègues du RDSE présenteront des amendements à cet article en séance publique, afin de renforcer l'effectivité de certaines mesures, telles que la majoration du solde du dépôt de garantie en cas de non-restitution de celui-ci, au-delà du délai légal de deux mois. D'autres amendements déposés par des membres de notre groupe visent à mieux protéger les usagers du secteur social et médico-social.
Les auteurs de ce projet de loi ont souhaité se concentrer sur les dépenses dites « contraintes », qui représentent une part croissante du budget des ménages, notamment des plus modestes.
Cependant, comme l'a très bien souligné M. le rapporteur, la définition de ce type de dépenses donnée par le projet de loi n'est pas satisfaisante. Ce texte porte en effet davantage sur des « dépenses non arbitrables » que sur des dépenses contraintes qui, stricto sensu, sont pré-engagées en vertu d'un contrat ou d'un abonnement. Ces dernières, qui constituaient un cinquième seulement du budget des familles à la fin des années soixante-dix, en représentaient près de la moitié, pour les plus pauvres, en 2005.
Cette augmentation fulgurante de la part des dépenses contraintes explique ce paradoxe, qui conduit les ménages à sous-évaluer de plus en plus leur pouvoir d'achat, par rapport aux mesures objectives de ce dernier.
L'intention est donc tout à fait louable qui vise à limiter le poids de ces dépenses dans le budget des ménages. La commission de l'économie a d'ailleurs adopté de nombreux amendements pour aller plus loin en ce sens. À cet égard, je me réjouis des avancées proposées par la commission en matière de contrats d'électricité et de gaz naturel.
Je salue notamment l'adoption de l'article 4 ter, instaurant une tarification progressive de la fourniture de gaz et d'électricité. Cette mesure est d'autant plus importante après la décision récente du Conseil d'État suspendant le gel des tarifs réglementés de gaz, qui menace très directement les budgets d'un grand nombre de foyers déjà en difficulté.
M. le rapporteur a insisté, en commission de l'économie, sur trois postes de dépenses qui devaient faire l'objet de mesures encore plus ambitieuses : le logement, l'énergie et la téléphonie mobile.
Concernant le logement, comme je l'ai déjà dit, l'essentiel a été fait en commission. Avec certains membres de mon groupe, nous déposerons simplement des amendements visant à apporter de petites améliorations ou des compléments au texte de la commission.
Pour l'électricité et le gaz, il nous semble que la commission a déjà adopté des mesures essentielles.
Enfin, pour la téléphonie mobile, plusieurs sénateurs du groupe RDSE proposeront deux amendements visant à limiter la durée des engagements des abonnements, qui nous semble excessive.
J'en viens maintenant aux mesures transversales, contenues dans le deuxième chapitre de ce projet de loi, ayant pour but de mieux protéger et informer le consommateur et de promouvoir une consommation de qualité.
Là encore, nous ne pouvons qu'apporter notre soutien à ces objectifs.
L'extension de la protection des indications géographiques aux produits non alimentaires nous semble être une excellente disposition, même si celle-ci peut encore faire l'objet de quelques améliorations, notamment d'une meilleure harmonisation avec le droit des marques. C'est l'objet d'un amendement défendu par plusieurs membres du groupe RDSE, sur l'initiative d'Anne-Marie Escoffier.
Je tiens également à saluer l'amendement déposé par Mme le rapporteur pour avis de la commission des lois, qui a permis d'intégrer à l'article 8 ter les dispositions contenues dans la proposition de loi de Jacques Mézard et de plusieurs membres du RDSE visant à renforcer les droits des consommateurs en matière de démarchage téléphonique, adoptée à l'unanimité par le Sénat, le 28 avril dernier. Ce texte est en effet plus protecteur pour le consommateur que le dispositif Pacitel mis en œuvre par le Gouvernement.
En effet, il tend à prévoir que l'abonné devra donner son consentement exprès pour l'utilisation de ses données personnelles à des fins de prospection par un tiers au contrat, …