Intervention de Laurence Cohen

Réunion du 20 décembre 2011 à 9h30
Questions orales — Réforme de la formation initiale des orthophonistes

Photo de Laurence CohenLaurence Cohen :

Monsieur le secrétaire d'État, ma question porte sur la réforme en cours de la formation initiale des orthophonistes.

Je pense qu’il ne vous a pas échappé qu’une certaine inquiétude, pour ne pas dire une grande colère, est ressentie par l’ensemble des professionnels.

La profession a obtenu son statut légal par la loi du 10 juillet 1964, qui a institué un diplôme national : le certificat de capacité d’orthophoniste.

Aujourd’hui, la France compte près de 20 000 orthophonistes. Cette profession n’a cessé d’évoluer pour mieux prendre en charge les différentes pathologies dont souffrent les enfants et les adultes dans le domaine du langage et de se complexifier en même temps que la société.

Depuis 1986, la formation initiale se déroule en quatre ans. Depuis deux ans, au sein des deux ministères de tutelle, à savoir le ministère du travail, de l’emploi et de la santé et le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, une réforme est en cours pour faire reconnaître un niveau d’études sur cinq ans, correspondant à la délivrance d’un master 2, afin que ces professionnels puissent être davantage en adéquation avec les avancées scientifiques.

Or, contrairement aux revendications légitimes et unanimes des étudiants et des professionnels, le 28 octobre dernier, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez ont annoncé la reconnaissance de leur formation au niveau d’un master 1 et la création d’un métier d’orthophoniste praticien accessible par la poursuite des études en master 2. C’est un non-sens absolu !

Premièrement, de façon tout à fait légitime, ces praticiens font valoir qu’un master 1 ne correspond à aucun grade universitaire, puisque les études supérieures relèvent à présent du système 3-5-8, qui correspond aux niveaux de licence, master et doctorat.

Deuxièmement, la création de deux niveaux va instaurer une scission dans la profession, une hiérarchisation, une orthophonie à deux vitesses, une réduction de fait du champ des compétences d’un certain nombre de ces professionnels.

Comme je l’ai déjà indiqué, les orthophonistes prennent en charge au quotidien des pathologies extrêmement variées et complexes, telles que la dyslexie, la dysphasie, la dysorthographie, l’autisme, la surdité, entre autres, ainsi que des troubles du raisonnement logico-mathématique. Or peut-on classifier les troubles qui nécessiteraient moins de compétences tout en assurant une prise en charge de qualité ?

Dans un contexte de tension démographique et de difficultés d’accès aux soins, l’hyperspécialisation de quelques professionnels ne pourra répondre à la demande croissante de la population, de plus en plus concernée par les troubles de la voix, de la parole, du langage et de la communication. La réforme que souhaite appliquer M. le ministre du travail, de l’emploi et de la santé, sous couvert du silence du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, ne respecte pas la méthodologie et la définition du métier validé dans le référentiel de compétences.

Au regard de tous ces éléments, comment le Gouvernement entend-il répondre à présent aux désaccords et inquiétudes exprimés par toute la profession ? Quelles garanties compte-t-il lui apporter pour en préserver l’unicité et pour reconnaître le grade de master pour toutes et tous ?

Vous l’aurez compris, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, il s’agit non pas de corporatisme, mais d’une question de santé publique, de prévention et de qualité des soins dispensés à de nombreux citoyens et citoyennes. Les orthophonistes sont mobilisés et déterminés à se faire entendre pour eux et leurs patients.

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