Madame Cohen, le métier d’orthophoniste est particulièrement essentiel pour la société, notamment pour nombre de jeunes. En ma qualité de secrétaire d’État chargé des professions libérales, j’ai eu l’occasion de mesurer le malaise ressenti par de nombreux professionnels, malaise que vous venez d’évoquer. Ce sujet relève de la compétence du ministre du travail, de l’emploi et de la santé.
M. Bertrand, dont je vous prie de bien vouloir excuser l’absence ce matin au Sénat, m’a chargé de vous répondre. Il a la volonté – j’ai pu m’en rendre compte lorsque je lui ai fait part, ainsi qu’à son cabinet, d’un certain nombre d’inquiétudes – de faire avancer le dossier, en association avec les professionnels.
Depuis 2007, le Gouvernement rénove en profondeur les formations paramédicales, pour les mettre au niveau des standards européens. La formation d’orthophoniste bénéficie de cette réforme tout à fait inédite.
Contrairement à ce qui est parfois avancé, la rénovation des formations ne vise pas à allonger les études, qui sont déjà très longues dans notre pays.
La formation actuelle des orthophonistes compte moins de 2 500 heures, stages inclus, étendues sur quatre années, alors que les autres formations approchent, voire dépassent bien souvent, les 4 000 heures.
Concrètement, cette réforme prévoit que la formation des orthophonistes sera enrichie et valorisée au niveau master 1, soit un potentiel de plus de 6 000 heures de formation, travail personnel inclus.
Cela constitue donc, dans l’esprit de Xavier Bertrand, un moyen de mieux valoriser le métier d’orthophoniste, en offrant aux praticiens, grâce à une formation plus intense, des perspectives de progression universitaire d’une ampleur nouvelle. En effet, la formation d’orthophoniste, actuellement assimilée, dans la fonction publique hospitalière, à un niveau bac + 2, sera considérée par les universités, à la suite de cette réforme, comme une formation de niveau bac + 4.
Il n’en demeure pas moins – vous avez souligné cette réalité – que certains estiment que la formation doit être allongée et durer cinq ans minimum, ce qui représente 9 000 heures. Quatre années ne suffiraient-elles plus pour former de bons orthophonistes ? Le ministre de la santé reconnaît les compétences des orthophonistes de notre pays : il sait qu’ils sont déjà de vrais et bons professionnels.
Enfin, concernant les formations complémentaires, j’apporterai quelques précisions : le ministère de la santé a proposé aux orthophonistes que les formations complémentaires qu’ils suivent aujourd’hui soient mieux structurées et fassent l’objet d’une reconnaissance universitaire.
Il n’est nulle part question d’une orthophonie « à deux vitesses ». Dans tous les métiers, les professionnels se forment tout au long de la vie, approfondissent un domaine, se spécialisent ; il n’y a donc pas de raison d’interdire aux orthophonistes d’en faire autant. Xavier Bertrand veut au contraire permettre à ceux qui ont envie de s’inscrire dans un parcours de formation complémentaire d’accéder facilement, durant toute leur carrière, à des formations de niveau master 2 reconnues par les universités.
Il est nécessaire de travailler sur ce sujet. Le ministère de la santé a clairement indiqué sa position aux orthophonistes : si leurs représentants veulent travailler avec le Gouvernement sur cette proposition de formations complémentaires, ce dernier est prêt à travailler avec eux. Mais il ne travaillera pas sans eux.
Ce que je veux simplement vous dire, de la part de Xavier Bertrand, c’est que, en tout état de cause, il faut finaliser le programme de la formation initiale. De nombreuses semaines de travail ont été perdues. Nous devons nous mettre autour de la table – c’est ce que propose Xavier Bertrand – afin que la promotion 2012–2016 bénéficie du nouveau programme, et que le climat puisse rapidement redevenir serein.