Madame Claire-Lise Campion, l’intérêt général ne peut être à géométrie variable en fonction du lieu d’habitation. Le Grenelle de l’environnement disposait que les critères retenus pour définir l’évolution des trajectoires seraient le bruit, pour les basses altitudes, et la réduction des émissions de dioxyde de carbone, c'est-à-dire la minimisation de la distance, pour les hautes altitudes.
C’est à partir de ces deux critères – minimisation du bruit pour les basses altitudes et minimisation de la distance pour les hautes altitudes – qu’a été établi le projet de relèvement des altitudes des trajectoires d’approche dans l’ensemble de l’Île-de-France. Ce relèvement a été mis en œuvre d'abord au Bourget, il y a déjà deux ans, puis à Roissy et à Orly, cette année. Il a permis de diminuer de 3 décibels le bruit entendu au niveau du sol ; comme il s'agit d’une échelle logarithmique, cela représente une division par deux si on enlève le bruit associé, c'est-à-dire le bruit de fond non lié à l’avion.
On ne peut dire à la fois que ce projet a déplacé des avions, diminuant le bruit dans certains endroits mais l’augmentant dans d’autres, et que le bruit a augmenté pour tout le monde. La vérité se trouve dans l’étude d’impact, qui est le fruit de multiples concertations – j’avais d'ailleurs retardé la mise en œuvre du relèvement afin de tenir compte des résultats de toutes ces concertations ; la vérité est que le relèvement a engendré un gain important pour une majorité de Franciliens.
Il existe certes quelques perdants ici ou là, mais ils ne représentent qu’une minorité. En effet, les Franciliens vivant dans des lieux survolés à basse altitude sont désormais bien moins nombreux, et seuls quelques Franciliens habitent dans des lieux « nouvellement survolés », ce survol intervenant en outre à plus haute altitude.
Pourquoi ne pas faire appel à Eurocontrol ? Vous ne pouvez d’un côté fustiger la DGAC et prétendre que des experts locaux manifestement engagés – ils ont bien le droit de l’être – pour la défense de tel ou tel territoire sont plus indépendants que cette direction, et de l’autre réclamer l’intervention d’Eurocontrol, organisme au sein duquel la France est représentée par la DGAC !
Je crois qu’il faut s’en tenir aux faits. Des ressentis assez nets remontent déjà du terrain, et un bilan sera effectué. Ce bilan sera naturellement rendu public et partagé de manière transparente.
Je voudrais rappeler que l’un des présidents d’association les plus virulents sur cette question et que vous suivez était naguère très favorable au relèvement pour des motifs d’intérêt général, avant de changer d’avis voilà deux ans : il avait déménagé… L’intérêt général, je le répète, ne saurait être capturé par des intérêts locaux.