Intervention de Raymond Vall

Réunion du 8 février 2012 à 21h30
Débat sur la biodiversité

Photo de Raymond VallRaymond Vall :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, alors que la biodiversité est essentielle à la survie de l’homme sur la terre, elle est souvent négligée au profit de sujets tels que les énergies renouvelables. Pourtant, c’est bien la protection de la biodiversité qui est l’enjeu majeur, car, sans cette dernière, il n’y a pas de survie possible de l’homme sur la planète.

C’est une action à long terme qui doit nécessairement être engagée aujourd’hui, car, s’agissant de l’évolution spontanée du vivant, l’unité de temps est de plusieurs milliers d’années. Si, au cours des deux siècles et demi, au maximum, qui nous séparent du début de la révolution industrielle, la biodiversité a été terriblement malmenée, sa reconstitution prendra nécessairement beaucoup plus de temps.

Préserver la biodiversité, c’est convenir que les interactions et interdépendances entre les éléments de la faune et de la flore deviennent une priorité. Cet équilibre naturel nous apporte des éléments vitaux tels que l’oxygène, la nourriture, l’eau et contribue à la régulation climatique, ce qui diminue les effets des événements extrêmes comme ceux de la sécheresse et des inondations.

Notre développement économique et social, nous le devons aussi à la biodiversité, qui nous fournit nombre des matières premières nécessaires aux différents secteurs de l’activité humaine et, tout simplement, à notre survie. Il a pourtant fallu attendre la convention mondiale sur la biodiversité adoptée à Rio en 1992 pour qu’on la considère enfin comme une ressource vitale !

En dépit des actions menées depuis vingt ans, les scientifiques estiment que le taux d’extinction des espèces est actuellement de cent à mille fois plus élevé qu’au cours des temps géologiques passés. C’est pourquoi ils lancent un cri d’alarme à l’humanité.

La France a une responsabilité tout à fait particulière dans la préservation de la biodiversité, car elle se situe au huitième rang mondial des pays dont les espèces sont menacées en plus grand nombre. L’outre-mer doit faire l’objet d’une attention toute particulière, les quatre cinquièmes de la biodiversité française étant situés sur ces territoires : 7 millions d’hectares de forêt tropicale, 10 % des récifs coralliens et lagons et 20 % des atolls du monde.

Mes chers collègues, nous serons nombreux ce soir à décrire un état des lieux accablant et à déplorer une biodiversité qui ne cesse de se dégrader. Or nous savons tous que l’homme porte une lourde responsabilité à cet égard.

L’artificialisation des sols en est un exemple. Elle progresse en France quatre fois plus rapidement que la croissance démographique, rongeant les milieux naturels et privant beaucoup d’espèces de leur habitat. Cela a été dit, l’urbanisation détruit les habitats tels que les « zones humides » – étangs, marais, etc. –, qui hébergent une très grande biodiversité, contribuent à la qualité des eaux et à la régulation des cours d’eau. Or, depuis le début du XXe siècle, 67 % des zones humides ont disparu à cause d’une urbanisation non maîtrisée.

L’agriculture intensive, les pollutions de toutes sortes et la surexploitation des ressources naturelles – l’exemple de la pêche est souvent cité – aggravent cet état des lieux.

À cela s’ajoutent les effets dévastateurs du changement climatique, qui provoquent des chocs sur les écosystèmes et les paysages, entraînant le déplacement de certaines espèces, voire leur disparition pure et simple.

Ainsi, on sait aujourd'hui qu’une partie de la biodiversité marine est menacée par l’acidification des océans, qui a augmenté de 30 % depuis l’ère préindustrielle.

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