Intervention de Alain Houpert

Réunion du 8 février 2012 à 21h30
Débat sur la biodiversité

Photo de Alain HoupertAlain Houpert :

Mais la question de la biodiversité dépasse largement le cadre de nos campagnes : elle se pose de manière urgente à l’échelle de la Terre.

En effet, les scientifiques enregistrent partout sur la planète une altération significative des écosystèmes, que ce soit au fond des océans ou au cœur des forêts, sur les pôles ou sous les tropiques.

Depuis le 1er janvier dernier, à cette heure, on estime à 2 788 le nombre d’espèces connues qui ont disparu. Près de 20 % des récifs coralliens et 6 millions d’hectares de forêts primaires ont été détruits. Selon les Nations unies, le taux d’extinction des espèces serait mille fois supérieur à la normale. De surcroît, cette tendance est renforcée par le réchauffement du climat.

Cette remise en cause de la biodiversité semble avoir des causes évidentes, et, parmi elles, d’abord, l’explosion de la population humaine.

La santé démographique de l’homme a bousculé l’ordre du monde. Elle bousculait jusqu’alors les équilibres internationaux, incitant les États à s’élargir géographiquement afin de disposer des ressources suffisantes pour leurs populations. Le pluralisme politique et le renforcement des instances internationales ont toutefois contribué à instaurer, avec plus ou moins de succès, les conditions d’une paix durable dans le monde.

Pour accéder aux ressources, le libre-échange a constitué la voie privilégiée. Tant mieux ! Mais cet échange a aussi favorisé l’uniformisation de l’offre et de la demande, au détriment de la biodiversité.

Par ailleurs, un phénomène concomitant a renforcé cette tendance à l’appauvrissement de la biodiversité. En effet, la massification des échanges et l’accès du plus grand nombre à des conditions de vie décentes ont provoqué d’importantes pollutions, affectant directement la biodiversité. L’industrialisation à outrance a en effet diminué grandement la qualité de l’eau et de l’air, mais aussi celle des aliments.

Enfin et surtout, il faut bien admettre que l’exploitation des connaissances scientifiques a eu, pour une part, une influence très négative sur le maintien de la biodiversité. Je pense en particulier à l’exploitation des connaissances du génome et à leur appropriation.

Le développement de la recherche génétique, qui avait pour principal objectif de nourrir la planète, a donné lieu à des abus tendant à « verrouiller » l’offre de semences. Il résulte de ces facteurs une certaine inclination à penser que l’homme est fautif, seul responsable de l’appauvrissement, voire de l’extinction de la biodiversité. Mais ne serait-ce pas aller trop vite en besogne ?

Relever le défi de la biodiversité ne saurait seulement consister à faire de l’humanité le cœur du problème. Je crois, bien au contraire, que nous relèverons ce défi primordial en mettant l’homme au cœur de la solution.

Alors que le thème de la « décroissance » fleurit dans le débat, il convient de rappeler certaines prémisses essentielles.

Premièrement, la croissance démographique de l’humanité n’est pas en soi un problème.

Deuxièmement, tous les hommes ont droit à accéder à des conditions de vie décentes et, d’abord, à pouvoir manger à leur faim.

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