Intervention de Jean Bizet

Réunion du 9 février 2012 à 15h00
Filière industrielle nucléaire française — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Jean BizetJean Bizet :

Si j’évoque cet aspect des choses, c’est pour mieux souligner les estimations du haut-commissaire à l’énergie atomique, M. Bernard Bigot, qui a évalué le coût de la reconversion vers les énergies renouvelables en France et en Espagne à 750 milliards d’euros. M. Bigot conclut par une question : l’Europe peut-elle se permettre d’aggraver ainsi ses handicaps économiques face aux pays émergents dans la conjoncture actuelle ?

Dois-je rappeler que le nucléaire est une énergie décarbonée par excellence et que les écologistes devraient précisément la promouvoir ? Mais, je ne l’ignore pas, si les écologistes sont sensibles à la problématique du réchauffement climatique, ils sont surtout, pour les plus sévères d’entre eux, sensibles aux thèses malthusiennes sur lesquelles, par élégance – par élégance, chers collègues ! –, je ne m’attarderai pas.

Monsieur le ministre, je voudrais aussi rappeler combien la France a su, au travers de la loi de 2006, élever au plus haut niveau son exigence de sécurité et de sûreté avec la création de l’Autorité de sûreté nucléaire, l’ASN, que préside avec brio M. André-Claude Lacoste, sans oublier l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, l’IRSN.

Je souligne encore que le nucléaire est le pilier de notre indépendance énergétique - rappelons que la facture pétrolière et gazière française s’élève à 45 milliards d’euros pour 2010, soit 90 % de notre déficit commercial. Nous devons cette indépendance à ceux qui, dès 1978, ont construit la première centrale française, celle de Fessenheim, et nous la devrons à ceux qui continueront dans cette voie.

Cela m’amène à évoquer le récent rapport de la Cour des comptes.

Je tiens à saluer la commande du Gouvernement pour que toute la transparence soit faite sur les coûts de la filière électronucléaire française, démontrant que le prix du mégawatt intègre bien l’ensemble des opérations, à savoir le traitement, le recyclage et le démantèlement. Ce prix, qui est de 42 euros par mégawatt, atteint 49, 5 euros lorsqu’on y intègre les nouvelles exigences de sécurité recommandées par l’ASN, à la suite des premiers retours d’expertise de l’après-Fukushima.

Je profite de l’occasion pour mentionner le formidable travail réalisé par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, et pour saluer notre collègue Catherine Procaccia, qui en est membre, ainsi que Bruno Sido, qui en est le président.

Est également clairement abordé dans le rapport de la Cour des comptes l’aspect le plus délicat de la filière : la gestion des déchets, dont le coût est estimé à 28 milliards d’euros. En revanche, il n’est pas fait mention de la finalité de ces déchets, mais il n’entre pas dans le rôle de la Cour de fournir une telle précision.

Sur ce sujet délicat, j’avais eu, voilà quelques années, le privilège – comme le Sénat nous en donne de temps en temps l’occasion – d’interpeller le lauréat du prix Nobel de physique en 1992, le professeur Georges Charpak. Il m’avait tout simplement répondu, sans aucune ambiguïté, que, si bien évidemment nous continuions nos recherches, nous trouverions un jour le moyen de réutiliser ces matières fissiles, lesquelles seront, demain, autant de minerais pour la filière. C’est d’ailleurs ce que confirme le directeur de l’IRSN.

L’autre aspect abordé dans le rapport de la Cour des comptes concerne la durée de vie des centrales. Mes chers collègues, dans la vie, il est des moments où il faut faire des choix...

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