Intervention de Jean Bizet

Réunion du 9 février 2012 à 15h00
Filière industrielle nucléaire française — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Jean BizetJean Bizet :

... et ce moment est arrivé.

En effet, d’ici à 2022, vingt-deux réacteurs nucléaires sur cinquante-huit atteindront leur quarantième année de fonctionnement, si ma mémoire est bonne. L’avis de l’ASN sera déterminant.

Cette décision conditionnera le vrai devenir de la filière, car, pour reprendre les termes employés dans le dernier rapport de l’Office, « temps politique » et « temps énergétique » ne sont pas identiques : si le premier n’est que de cinq années, éventuellement renouvelables, le second est de cinquante ans…

Autant dire que les décisions qui devront être prises dans les mois à venir engageront notre pays dans ses choix stratégiques pour un demi-siècle, tant sur le prolongement éventuel de la vie de certaines centrales que sur la construction de centrales de nouvelle génération, plus économes en matières fissiles et également plus sûres encore.

Nous ne devrons pas nous tromper ; nous ne devrons pas non plus céder aux émotions, ni au déferlement médiatique amplifié par les réseaux sociaux de notre époque, avec lesquels il faut vivre et que j’utilise d’ailleurs, à savoir Facebook et Twitter, au risque de faire perdre à notre pays l’avance et l’excellence technologiques qui sont les siennes.

Monsieur le ministre, mes chers collègues, je ne voudrais pas terminer mon propos sans évoquer la récente décision de l’ASN de mettre en place une force d’intervention civile rapide pour répondre à tout éventuel incident susceptible de se produire dans une centrale.

Dans un rapport d’information engagé au nom de la commission des affaires européennes l’an passé, avant même l’accident de Fukushima, Simon Sutour et moi-même avions justement préconisé la création d’une « force européenne de sécurité civile » pour faire face à des accidents nucléaires. Nos conclusions avaient été rendues postérieurement.

Par conséquent, je me réjouis de cette décision et souhaiterais qu’elle puisse être déclinée au niveau européen, afin d’assurer une meilleure sécurité sur l’ensemble du territoire européen.

Je souhaiterais également que l’ASN comme l’IRSN soient dotés de moyens financiers supplémentaires pour assurer des missions d’assistance technique hors zone euro et permettre une meilleure compréhension de l’excellence de notre filière nucléaire, voire sa promotion à l’international.

Ne soyons pas naïfs, mes chers collègues ! Nous sommes dans un monde globalisé, très ouvert, où la compétition économique entre pays sera de plus en plus féroce. La France possède de gros atouts dans le domaine du nucléaire, qu’elle pourra faire valoir à condition de savoir conjuguer compétitivité, sécurité et acceptation sociétale. Dans la conjoncture actuelle, il convient d’élever le débat sur ce sujet.

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