Intervention de Didier Guillaume

Réunion du 9 février 2012 à 15h00
Filière industrielle nucléaire française — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Didier GuillaumeDidier Guillaume :

Si la sûreté de son fonctionnement est garantie, l’EPR de Flamanville doit voir le jour. La sécurité des sites et la sûreté des installations sont un impératif. L’un des principaux enseignements de la catastrophe de Fukushima Daiichi, c’est que la prise en compte du cumul des risques est capitale.

Si la filière nucléaire représente 240 000 emplois dans notre pays, force est de constater que nombre de ceux-ci sont externalisés. La question de la sous-traitance, plus précisément celle de la sous-traitance en cascade, présente une importance majeure. Elle est largement évoquée dans le rapport de l’OPECST – l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques – sur l’avenir de la filière nucléaire en France qui sera présenté au Sénat le 15 février prochain par MM. Bruno Sido, Claude Birraux et Christian Bataille. Le recours à la sous-traitance n’est pas toujours compatible avec les exigences de sûreté. L’Autorité de sûreté nucléaire a d’ailleurs très justement souligné, dans ses recommandations, que « la surveillance des sous-traitants intervenant dans les installations nucléaires doit être renforcée et ne doit pas être déléguée par l’exploitant […] ».

La transparence, enfin, n’est pas négociable. Il faut un grand débat national sur l’énergie, car il n’est plus possible que la définition de l’avenir énergétique de notre pays pour les cinquante prochaines années soit le fait de quelques-uns, fussent-ils compétents. Ce débat devra reposer sur des bases solides. Il faudra rappeler que les énergies fossiles se raréfient, que le prix des hydrocarbures explose, que l’exploitation des gaz de schiste fait débat, que les postulats sur lesquels repose la sécurité nucléaire ont été mis à mal, que l’énergie nucléaire a un coût, comme l’a souligné la Cour des comptes, que la lutte contre le réchauffement climatique constitue une priorité absolue.

Pour respecter nos engagements sur ce dernier point, nous savons tous que le nucléaire est une partie de la solution, mais une partie seulement.

La sobriété énergétique constitue le deuxième axe. La meilleure énergie pour la planète et le pouvoir d’achat est celle que l’on ne consomme pas ! La sobriété énergétique est indispensable dans nos logements, nos procédés industriels, nos bureaux, nos déplacements. Avant de penser à produire plus d’énergie, il faut s’efforcer d’en consommer moins. Il y va également de la compétitivité de notre économie, comme en témoigne l’expérience du grand froid de ces derniers jours. Nous sommes fiers de la capacité de notre pays à faire face à des pics de consommation exceptionnels, mais nous y parvenons, Ronan Dantec l’a souligné, en achetant de l’électricité à l’Allemagne…

Le troisième axe est la nécessaire diversification de notre mix énergétique. C’est aujourd’hui une obligation pour lutter contre le réchauffement climatique. François Hollande a fixé pour objectif de ramener de 75 % à 50 %, d’ici à 2025, la part du nucléaire dans notre production d’électricité. C’est seulement de cela qu’il s’agit ! Cela représente le même effort que celui que s’impose l’Allemagne, qui semble être devenue, ces jours-ci, le nouveau modèle à suivre pour la France…

Si François Hollande était élu, une centrale serait fermée au cours du prochain quinquennat : celle de Fessenheim. Je rappelle que le conseil municipal de Strasbourg a adopté à l’unanimité, en avril 2011, au-delà de tous les clivages politiques, une motion demandant cette fermeture.

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