Intervention de Didier Guillaume

Réunion du 9 février 2012 à 15h00
Filière industrielle nucléaire française — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Didier GuillaumeDidier Guillaume :

Plutôt que de consacrer, comme le réclame la Cour des comptes, 10 milliards d’euros à l’amélioration de la sécurité de la centrale de Fessenheim, il vaudrait mieux injecter cette somme dans la recherche et le développement des énergies renouvelables.

Le Président de la République a qualifié de « politicaille » la proposition de fermer la centrale de Fessenheim. Il ne faut pas leurrer les gens : la sûreté des personnels et de la population est au-dessus de la politique politicienne.

Il sera nécessaire de constituer les filières industrielles des énergies renouvelables qui nous font défaut. L’Allemagne a quinze ans d’avance sur notre pays dans ce domaine. Les panneaux photovoltaïques installés aujourd’hui en France sont majoritairement construits en Chine ! Ce n’est plus possible ! Nous devons rattraper notre retard en la matière, en bâtissant une véritable filière industrielle des énergies renouvelables, créatrice d’emplois : c’est une urgence !

À la suite de la publication de son récent rapport sur la filière nucléaire, la Cour des comptes, avec sagesse, « juge souhaitable que les choix d’investissements futurs ne soient pas effectués de façon implicite mais qu’une stratégie énergétique soit formulée, débattue et adoptée en toute transparence et de manière explicite ».

Il est urgent de déterminer une véritable stratégie énergétique de long terme pour notre pays. À ce propos, j’invite mes collègues de la majorité présidentielle à faire preuve de mesure. Quand nous parlons de stratégie énergétique et de nucléaire, nous parlons d’entreprises publiques, telles que EDF ou Areva, et de leur actionnaire principal, l’État. Souvenons-nous de la perte du contrat d’Abou Dhabi, dont nous devons tirer des leçons ; gardons à l’esprit que les factures d’électricité et de gaz des ménages ont augmenté, depuis 2002, comme le prix de l’essence et du gazole : en un mot, soyons humbles et gardons la tête froide.

Pour définir cette stratégie, il faudra poser les vraies questions : comment consommer moins ? Comment produire mieux ? Quels sont les risques pour la planète et les populations ? À ces questions complexes, les réponses ne peuvent être simplistes.

Le présent débat doit nous permettre de rassurer nos concitoyens et l’ensemble des acteurs de la filière : la mise en œuvre des mesures proposées par la gauche n’entraînera aucune déstabilisation brutale de la filière nucléaire. Le renforcement de la compétitivité de notre économie et la sobriété énergétique sont des objectifs majeurs. Notre bouquet énergétique doit être rééquilibré au bénéfice des énergies renouvelables. Notre indépendance doit être préservée. L’excellence industrielle sera la règle, la sécurité maximale et la transparence totale des priorités.

Les choix qui engagent l’avenir commun doivent être partagés avec l’ensemble des Français. Si nous pouvons approuver les termes de cette proposition de résolution, nous ne souscrivons nullement à l’exposé des motifs qui l’accompagne. Nous voterons donc contre, la définition de la politique énergétique de notre pays méritant mieux qu’un coup politicien dans une assemblée. Le vrai débat se tiendra devant nos compatriotes. §

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