Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, je ne suis pas nécessairement le meilleur défenseur du nucléaire ; peut-être suis-je moins en pointe, à cet égard, que M. Guillaume ! Pour paraphraser un ancien Président de la République, je dirai que je ne suis pas favorable au « 100 % nucléaire », car il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier…
J’ajoute que nous ne pouvons pas préjuger des évolutions technologiques et des choix politiques à venir, ni dans un sens ni dans un autre. M. Dantec a évoqué le cas de l’Allemagne, mais le Royaume-Uni, à l’inverse, a décidé de relancer son programme nucléaire.
J’ai néanmoins signé cette proposition de résolution, car je souhaite qu’un débat approfondi puisse éclairer ce sujet.
J’observerai tout d’abord que la justification éventuelle de la sortie du nucléaire repose sur des arguments autres qu’écologiques. Je regrette à cet égard que la gauche ait réduit le débat sur l’écologie à la question de la sortie du nucléaire, parce que cela a fait régresser l’écologie politique.
Il est possible de défendre la sortie du nucléaire au nom des risques acceptables ou même du refus d’une vision linéaire du progrès, mais il est abusif de la justifier par des arguments écologiques. Qu’il s’agisse du volume d’émissions de gaz à effet de serre, de l’emprise au sol des installations, donc de l’incidence de celles-ci sur la biodiversité, ou même des rejets polluants en situation normale, le nucléaire présente souvent moins d’inconvénients que les autres énergies, en particulier fossiles. D’ailleurs, quelques grands noms de l’écologie ont exprimé leur préférence pour le nucléaire par rapport aux énergies fossiles : je pense à James Lovelock, l’inventeur de la théorie de Gaia, ou à Stephen Tindale, ancien secrétaire général de Greenpeace pour le Royaume-Uni.
Si la première des priorités doit être d’économiser l’énergie, il convient également de développer le mix énergétique le plus décarboné possible. Or, il n’y a que deux filières qui permettent d’atteindre cet objectif : le nucléaire et les énergies renouvelables.
Il n’est pas faux de considérer que le primat du nucléaire n’a pas été favorable aux économies d’énergie. En effet, l’électricité étant bon marché dans notre pays – elle est deux fois moins chère qu’en Allemagne, par exemple –, cela nous a amenés à développer trop fortement le chauffage électrique, ce dont nous nous mordons les doigts aujourd'hui.