Monsieur le sénateur, votre question est double : elle porte à la fois sur la sécurité et sur la sûreté de la centrale nucléaire du Blayais.
Vous avez évoqué la protection contre les actes de malveillance. Contrairement aux apparences, les actions de Greenpeace, conduites le 5 décembre dernier, n’ont pas montré de vulnérabilité grave des centrales nucléaires françaises. Ces actions médiatiques ont été identifiées comme telles, et c’est donc une réponse proportionnée qui a été apportée par l’opérateur EDF et les forces de l’ordre.
Toutefois, l’intrusion plus importante à Nogent-sur-Seine nécessite de tirer tous les enseignements de ces faits, pour que de telles actions ne se reproduisent pas. Le Premier ministre a donc demandé un audit aux services d’inspection des ministères, sous la coordination du Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, dont les conclusions sont attendues pour le mois de juin prochain.
Sans attendre, EDF et la gendarmerie nationale ont décidé de prendre des mesures rapides d’amélioration du dispositif. Elles devraient se traduire par un amendement à la convention qui lie cet opérateur et le ministère de l’intérieur.
J’en viens à la question de la sûreté du site, notamment au regard des risques d’agression climatique extrême, en particulier d’inondation, puisque c’est à ce fait précis que vous avez fait allusion.
À la suite de l’inondation partielle du site du Blayais, lors de la tempête du mois de décembre 1999, en raison d’une situation météorologique exceptionnelle, des travaux importants ont été réalisés par EDF sur cette centrale nucléaire. Ainsi, sur demande de l’Autorité de sûreté nucléaire, l’exploitant a procédé à des modifications du génie civil de l’installation et des procédures d’exploitation dans le sens d’une meilleure prise en compte des phénomènes météorologiques, comme vous l’avez rappelé avec précision, monsieur le sénateur. Au mois d’octobre 2007, EDF a achevé l’essentiel des travaux sur l’ensemble du parc.
Dans les conclusions des évaluations complémentaires de sûreté réalisées par l’ASN, à la suite de l’accident de Fukushima, le sujet de la protection contre les inondations a été réexaminé à nouveau, et l’ASN imposera aux exploitants nucléaires des actions de renforcement complémentaires. Ainsi, elle prescrira, dans les prochaines semaines, les premières décisions visant à ce que soient définis des « noyaux durs », qui seront constitués d’éléments permettant d’assurer les fonctions de sûreté essentielles et devront être à l’épreuve des situations les plus extrêmes, comme les inondations que vous avez dénoncées.