Intervention de Jacques Berthou

Réunion du 17 janvier 2012 à 9h30
Questions orales — Augmentation du nombre d'enfants en grande difficulté

Photo de Jacques BerthouJacques Berthou :

Madame la secrétaire d’État, mon collègue Jacques-Bernard Magner souhaite attirer une nouvelle fois votre attention sur l’augmentation du nombre d’enfants en grande difficulté, situation malheureusement attestée par les dernières enquêtes du Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves et sur la dégradation des moyens donnés à l’éducation nationale pour remédier à ces difficultés.

Les mesures prises ces dernières années – aides personnalisées, stages de remise à niveau, etc. – ne répondent pas aux besoins des élèves en grande difficulté. L’enseignant de la classe est de plus en plus seul pour traiter les difficultés de ses élèves, alors qu’il n’a pas été formé à cette tâche et que ces difficultés nécessitent au contraire des approches différenciées et concertées.

Pour répondre aux besoins particuliers de tous ces élèves, les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté, les RASED, ont été créés en 1990. Ils sont composés de psychologues scolaires, ainsi que d’enseignants spécialisés chargés des aides pédagogiques et rééducatives.

Ces personnels, qui n’ont pas charge de classe, travaillent toute l’année avec des dizaines d’élèves dans les écoles de leur secteur. Ils évaluent leurs besoins et mettent en place des projets d’aides adaptées à leurs difficultés, en concertation avec l’enseignant de la classe et les parents. Ils représentent un recours pour les familles, coordonnent les actions au sein des écoles et avec les services extérieurs.

Malheureusement, les réductions massives de postes – 70 000 en quatre ans – ont considérablement affaibli l’école publique. À la rentrée 2012, celle-ci est au bord de l’explosion : 5 100 postes d’enseignant ont été supprimés dans le premier degré alors que les effectifs augmentent de près de 3 000 élèves. Tant la méthode que les arguments évoqués démontrent, jusque dans les mots qui sont utilisés, que l’unique préoccupation du Gouvernement est d’ordre gestionnaire. L’école n’est plus qu’un gisement d’économies.

Pour leur part, les RASED ont connu depuis 2008 plus de 3 500 suppressions de poste, soit plus d’un quart des effectifs.

Pourtant, aucune évaluation des RASED n’a été effectuée ou rendue publique depuis celle qui a été conduite par l’Inspection générale en 1996-1997. Ce défaut d’évaluation des réseaux et, plus généralement, l’absence de toute réflexion ministérielle au cours de la dernière décennie sont significatifs. Ils reflètent l’abandon de ce dispositif par l’éducation nationale. Cette attitude est d’autant plus inacceptable, madame la secrétaire d’État, que le ministère tient aujourd’hui un discours offensif à l’égard des RASED. En dix ans, ses services sont passés du silence sur ce dispositif à la remise en cause de ce dernier.

On comprend bien que le discours critique de la direction générale de l’enseignement scolaire à l’égard des réseaux n’est pas désintéressé. Il n’est nourri que d’arrière-pensées budgétaires.

Madame la secrétaire d’État, les élèves en difficulté de nos écoles ne peuvent servir de variables d’ajustement de votre politique de casse budgétaire de l’éducation nationale. Avez-vous l’intention de renforcer les RASED et de garantir enfin les aides spécialisées pour les plus fragiles de nos élèves ?

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