Madame la secrétaire d'État, depuis plusieurs années, les orthophonistes demandent une juste reconnaissance de leur profession et de leur diplôme. Leur revendication porte notamment sur la nécessité d’actualiser le cursus universitaire de leur formation afin qu’il réponde aux critères établis par le schéma européen dit LMD, licence-master-doctorat.
Or, le 28 octobre dernier, le Gouvernement a présenté un projet de réforme de la formation des orthophonistes. J’ai auditionné leurs représentants, qui m’ont fait part de leur mécontentement. En effet, ce projet consacre l’établissement d’une profession à deux vitesses, avec un premier niveau, correspondant au master 1, pour des orthophonistes aux compétences limitées, et un second niveau, correspondant au master 2, complémentaire et non obligatoire, pour des orthophonistes habilités à prendre en charge les personnes laryngectomisées, les enfants sourds, les personnes victimes d’accidents vasculaires cérébraux, les patients atteints de la maladie d’Alzheimer, de troubles de déglutition, etc.
Selon eux, cette nouvelle architecture du cursus universitaire aboutirait à la scission de la profession.
Aujourd’hui, l’ensemble des orthophonistes prennent en charge les patients affectés par les pathologies précitées, et la qualité de leur travail est unanimement reconnue.
La proposition gouvernementale aurait-elle un effet rétroactif, qui obligerait les orthophonistes déjà en activité à suivre une formation en master 2 pour pouvoir continuer à s’occuper de ces patients ?
Par ailleurs, les conséquences de cette réforme paraissent mal évaluées. Qu’adviendra-t-il de la recherche en orthophonie ? Et quid de la mobilité des professionnels, en particulier à l’intérieur de l’Europe ?
Enfin, il semble acquis qu’un tel projet entraînerait mécaniquement une diminution de l’offre de soins orthophoniques de qualité à proximité des patients, et ce au moment même où la désertification médicale n’a jamais semblé aussi forte.
Le Gouvernement entend-il revenir sur son projet de réforme, en reprenant le dialogue avec l’ensemble des professionnels, afin que le niveau master 2 soit reconnu comme la norme pour tous les orthophonistes ?