Intervention de Jean-Paul Bailly

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 11 janvier 2012 : 1ère réunion
Audition de Mm. Jean-Paul Bailly président du conseil de surveillance et philippe wahl président du directoire de la banque postale

Jean-Paul Bailly, président du conseil de surveillance de la Banque postale :

Nous avons aussi une très grande maturité !

Toujours est-il que la valeur absolue des fonds propres demeure modeste, de l'ordre de quatre à cinq milliards d'euros. Son coefficient d'exploitation est, quant à lui, élevé : il était supérieur à 100 % lors de sa création, il est proche de 85 % aujourd'hui et, par conséquent, fait toujours l'objet d'une surveillance de la part de l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP).

Cette croissance s'est traduite par le développement de toute une gamme de produits, au-delà de l'existant, c'est-à-dire l'épargne et l'assurance-vie. Ainsi, nous avons créé des produits de crédit immobilier, en particulier de crédit sans épargne préalable, de crédit à la consommation, d'assurance « incendie, accidents et risque divers » (IARD) mais aussi de santé, de prévoyance et dans la banque privée. Nous avons, au surplus, deux activités vraiment nouvelles : le financement des personnes morales, qui vient de décoller, et le financement des collectivités territoriales.

Nous avons conduit une stratégie de croissance sérieuse et professionnelle, contrôlée et progressive, en général en partenariat pour accélérer le développement et partager les risques.

Dans notre plan stratégique, le financement des collectivités n'y figurait pas. Nous voulions justement nous développer de manière progressive. Nous avons néanmoins estimé que cette perspective était dans notre « ADN » et que nous étions légitimes pour le faire, notamment par notre l'implantation territoriale. C'est une perspective qui est très bien accueillie par les élus et les postiers. Si les conditions sont requises, nous irons avec fierté et enthousiasme. Par rapport à nos plans initiaux, il s'agit plutôt d'une accélération du calendrier.

La Banque postale, c'est aussi la banque de la confiance. Toutes les enquêtes le confirment. C'est un atout fondamental qu'il est hors de question de mettre à mal. Elle est reconnue pour son sérieux : notre coût du risque est très faible. Nous n'avons jamais été impliqués dans les subprimes, les affaires Madoff et autres... Au fond, nous avons une gestion de bon père de famille. C'est une conception qui a pu paraître un temps dépassée mais nous considérons aujourd'hui qu'il s'agit d'un avantage considérable.

Nous sommes aussi présents sur tout le territoire et très accessibles. Nous avons près de 100 % de parts de marché sur le segment des personnes les plus modestes, notamment des SDF. Cette caractéristique construit aussi la confiance parmi les citoyens.

Au fond, notre stratégie, par rapport au monde bancaire, c'est de prouver notre différence. Ce sera encore le cas pour le financement des collectivités territoriales.

Nos clients sont très attachés à tous ces éléments. Ils ne veulent pas être les clients d'une banque qui prendrait des positions aventureuses.

Enfin, c'est une banque essentielle pour l'avenir du Groupe La Poste. C'est d'abord la banque des postiers puisque 80 % d'entre eux sont également des clients, soit 200 000 actifs et 100 000 retraités. Elle fait travailler 55 000 postiers. Elle constitue désormais l'activité principale des bureaux de poste et elle est essentielle à leur maintien dans les territoires. Aujourd'hui, sa contribution au résultat du Groupe est d'environ 50 %. Dans notre plan stratégique, à l'horizon 2015, ce pourcentage devrait se situer entre deux tiers et trois quarts.

Nous allons nous engager dans un nouveau métier avec enthousiasme, mais, vous l'aurez compris, il existe une ligne rouge absolue, c'est l'étanchéité avec le passé. Pas de risques de réputation, pas de risques financiers importés du passé ! Ce serait inacceptable par nos clients, par les postiers, pour l'avenir et la viabilité du Groupe, et donc aussi pour ses actionnaires.

Nous avons à vous proposer un modèle de financement différent dont les mots-clefs seront la simplicité, la transparence et l'adossement total en liquidité. Malgré tout, les taux que nous proposerons devront aussi permettre d'améliorer le coefficient d'exploitation de la Banque postale.

Quand serons-nous en mesure de le faire ? C'est un vrai sujet. Courant décembre 2011, nous espérions encore aboutir d'ici la fin du premier semestre, mais les discussions sont longues et difficiles. Aujourd'hui, nous n'envisageons plus que cela soit possible avant la fin du premier semestre.

Nous sommes totalement déterminés mais encore faut-il que les conditions soient réunies pour que nous disposions des outils et des compétences nous permettant d'exercer ce métier.

A terme, nous pensons qu'il serait raisonnable d'assurer entre 25 % et 30 % du marché. Nous ne cherchons pas une situation monopolistique ou, d'une manière ou d'une autre, trop dominante. Il faut que les autres acteurs s'impliquent également. La future Agence de financement des collectivités territoriales, si elle est créée, doit également avoir une place sur ce marché.

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