Tout à fait, c'est une banque résiduelle. En tout état de cause, comme l'a très clairement dit Jean-Paul Bailly, ce n'est pas le sujet de la Banque postale. Nous n'avons ni les fonds propres, ni la responsabilité de gérer l'amortissement et l'extinction de DCL.
L'avenir, en revanche, c'est notre responsabilité puisque l'Etat l'a souhaité ainsi. Pour ce faire, nous allons créer une co-entreprise avec la Caisse des dépôts. Nous posséderons 65 % du capital et notre partenaire 35 %. Nous sommes une banque de service public, nous le faisons avec fierté mais aussi avec intérêt. J'y insiste car nous pensons que nous ferons de bonnes affaires, au sens de la solidité et de la rentabilité, avec ce métier.
Nous avons un savoir-faire et même des preuves de notre savoir-faire - notre contrôle des risques - et des équipes. Mais il nous manque trois choses. D'abord, nous devons créer des outils commerciaux, c'est-à-dire élaborer des offres répondant à la diversité des besoins des acteurs locaux. Ensuite, il nous faut également des outils de contrôle des risques, même si, historiquement, les collectivités locales françaises présentent un risque faible. Un banquier n'accorde jamais de prêt sans un outil de « scoring ». Enfin, nous aurons besoin de « back-office » pour traiter les milliers de demandes qui ne manqueront pas de nous arriver. D'après Dexia, il y aurait 50 000 clients dans la « mouvance » du secteur public local : collectivités locales, sociétés d'économie mixte ou encore les hôpitaux publics.
L'objet de nos discussions, c'est de savoir comment nous pouvons accéder à ces outils. Les négociations sont techniques mais difficiles car Dexia soit ne veut pas nous donner certains de ses outils, soit veut les monnayer. Nous cherchons les voies nous permettant de nous voir transférer les outils commerciaux et les outils de risque qui nous sont absolument nécessaires. S'agissant du back-office, nous avons changé notre fusil d'épaule depuis l'automne. Initialement, nous pensions prendre la totalité des systèmes informatiques de DCL pour les porter dans la Banque postale, qui serait ainsi devenue la structure de servicing de Dexia résiduel. Mais comme les choses sont trop difficiles et que nous voulons avancer, nous avons proposé un compromis à Dexia : l'outil informatique serait apporté par Dexia à un groupement d'intérêt économique (GIE) dont nous serions l'un des partenaires avec Dexia, bien sûr, et la Caisse des dépôts. Pour l'instant, nous avons un peu de mal à aboutir. Or si ces discussions avaient abouti courant décembre, nous aurions pu être en mesure de vous proposer des crédits pour la fin mars. Compte tenu des retards constatés, nous espérons au mieux être prêts pour la fin juin.
Enfin, j'en arrive au financement. C'est un point structurant. Chaque année, le besoin de financement des collectivités territoriales s'élève à environ 18 milliards d'euros auxquels s'ajoutent près de 15 milliards d'euros pour l'ensemble du secteur public local et hospitalier, soit une masse totale d'environ 33 milliards d'euros.
Pour financer nos prêts, nous ne ferons pas appel aux liquidités de la Banque postale parce qu'elles ne sont pas suffisantes et, surtout, pas assez longues. En effet, la principale caractéristique de ces financements réside dans leur durée qui est, en moyenne, de quinze ans. En réalité, certains d'entre eux s'étalent sur trente ans.