Intervention de Anouar Hassoune

Mission commune d'information Agences de notation — Réunion du 14 mars 2012 : 1ère réunion
Table ronde avec d'anciens salariés d'agences de notation

Anouar Hassoune :

La réglementation ne m'intéresse pas. Son renforcement n'améliorera que de manière marginale le fonctionnement des agences, qu'il s'agisse des conflits d'intérêts ou de la transparence. C'est surtout leur modèle économique qui est en cause, car elles font tout pour préserver leurs marges. On attend beaucoup trop d'elles : qu'elles mesurent les risques, qu'elles jugent la politique monétaire américaine, qu'elles se prononcent sur le cours du monde, comme si elles avaient une boule de cristal...

Les agences veulent maintenir leurs marges tout en continuant à se développer sur le marché. Pour ce faire, elles peuvent réduire leurs coûts en s'installant à Dakar : c'est ce que j'ai fait. Si les marges rétrécissent, les actionnaires ne sont pas contents. Je vais vous surprendre, mais selon moi, un actionnaire privé est un mauvais actionnaire. Il faudrait mettre sur pied une agence de notation à capitaux publics, soit en nationalisant Moody's - il serait plus difficile de nationaliser Standard and Poor's -, soit en créant une nouvelle agence. Les Chinois l'ont fait, mais leur agence a pour défaut rédhibitoire d'être possédée par un seul Etat, ce qui met en doute son indépendance. En revanche, la collectivité publique mondiale pourrait le faire ; les actionnaires d'une agence publique mondiale pourraient être le FMI, la Banque mondiale, la Banque des règlements internationaux, etc. Le rating est presque devenu une mission de service public. En diminuant les marges, on pourrait améliorer la qualité du recrutement - or dans ce domaine les hommes comptent plus que la technologie -, de l'information, donc des notations, et orienter dans le bon sens les décisions de crédit.

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