De mon point de vue, il ne s'agit pas d'incompétence mais de la conséquence d'une concurrence déjà trop forte dans le secteur. Les agences ont tenu le même raisonnement et pour les mêmes raisons que pour les assureurs européens. Quand on leur a demandé de noter ces produits apparus en 2005-2006 aux Etats-Unis, elles ne disposaient pas des données suffisantes. En matière hypothécaire, il faut dix ans de données et, sur les subprimes, les agences n'avaient que deux ans de statistiques ! Elles ont accepté de noter, en sachant pertinemment qu'elles manquaient de données, parce que si l'une des grandes refusait, la deuxième ou la troisième aurait accepté, ou les petites agences qui pullulent sur l'énorme marché américain. Il y a trop de concurrence entre les agences ! Il a fallu donc prendre les deux ans de données disponibles et extrapoler à partir de tout ce que l'on savait depuis 40 ans des assureurs américains, en s'efforçant de reconstituer des séries cohérentes, l'ensemble représentant des milliards de dollars. Est-ce une faute ? Oui. Une agence devait dire non. Ça a été ma position chez Moody's. En interne, elle était impossible à tenir !