Nous sommes tous inquiets. Comme je vous l'ai dit, le secteur automobile connaît des problèmes structurels, notamment en ce qui concerne les véhicules des segments A et B : nous en produisons à Aulnay, à Poissy, à Mulhouse et à Madrid, pour m'en tenir à l'Europe occidentale. PSA compte en France trois usines et quatre systèmes de production pour le segment B. Un autre constructeur se vantait récemment de produire des véhicules du même segment dans notre pays, mais quel autre exemple peut-on citer ? Que l'on ne nous fasse pas de mauvais procès.
Cela dit, comment surmonter ces problèmes ? Un comité stratégique a été constitué avec les syndicats, et il se réunira à nouveau fin février pour évoquer le problème de la non-rentabilité du segment B. Nous sommes naturellement ouverts au dialogue avec les élus. Quoi qu'il en soit, comme je l'ai dit au maire d'Aulnay, nous n'avons pas l'intention de vendre nos terrains dans sa commune. Nous étudions toutes les solutions, à Aulnay comme ailleurs.
L'usine d'Aulnay a connu quelques jours de chômage, et elle subira bientôt une semaine d'arrêt pendant les vacances de février. Nous faisons en sorte que les familles puissent s'arranger. Mais je rappelle qu'à Madrid, les ouvriers chôment un jour sur deux ! Vous comprendrez que le site de Madrid me préoccupe plus encore que celui d'Aulnay ! Le problème de compétitivité est global. A Aulnay, nous avons pu passer de deux à un système de production, et assurer ainsi la viabilité du site. Dans l'usine historique de Poissy, ce n'était pas possible. Les salariés y ont beaucoup souffert : trois mois de chômage ! L'époque de la Peugeot 1007 fut calamiteuse. Heureusement, la DS3 connaît un très grand succès, et nous avons choisi de la construire à Poissy. Sur l'autre ligne, nous construirons le haut de gamme de la Peugeot 208. Des problèmes se posaient aussi à Mulhouse. Certains nous encourageaient à déplacer à Aulnay la production que nous envisagions d'implanter à Mulhouse : c'était déshabiller Pierre pour habiller Paul.
Mais nous faisons face à la concurrence des pays à bas coûts : Europe de l'Est, Afrique du Nord, Inde, Corée... Plutôt que de lancer des slogans incendiaires, il vaut mieux faire preuve d'esprit de responsabilité. Nous travaillons avec les partenaires sociaux, les élus, les pouvoirs publics. Valérie Létard connaît bien le dossier de l'usine Sevel de Valenciennes. Si le groupe PSA a été attaqué, c'est parce que c'est le seul à maintenir en France la production de monospaces familiaux ! Nous avons reclassé tous nos salariés à Valenciennes, dans notre usine mécanique. PSA continue aussi à produire des véhicules utilitaires. D'autres bavardent, nous agissons !
Nous réfléchissons constamment à la manière d'augmenter la compétitivité de nos sites français. Si le véhicule du futur est produit à Vigo - dans une usine historique, aussi ancienne que beaucoup de nos usines françaises - il sera compétitif. Que faut-il donc faire pour qu'il le soit aussi en France ? Toutes nos équipes techniques cherchent à répondre à cette question. Voilà le bon esprit : c'est être combattif, volontaire, au lieu de nous accuser d'avoir pour seule idée en tête de fermer toutes nos usines en France. Nous voudrions au contraire les faire tourner au maximum de leurs capacités ! Mais c'est impossible quand il n'y a plus de clients, quand les écarts de compétitivité sont si grands : 2 000 euros sur le segment B avec la Corée.
Nous n'avons pas à rougir des relations entretenues avec nos sous-traitants depuis 2008. Oui, nous sommes exigeants à l'égard de nos fournisseurs : certains sont de gros groupes mondiaux, dont les profits sont sans commune mesure avec ceux de PSA. Nous faisons tout pour que la filière reste compétitive, même s'il est inévitable que certaines entreprises disparaissent. La restructuration a eu lieu en Allemagne, aux États-Unis, pas en France. Nous avons travaillé à l'optimisation des filières de l'emboutissage et de l'étanchéité. Comment faire pour que les meilleures entreprises restent en France ? Nous ne sommes pas les seuls donneurs d'ordres. Mais depuis 2008, nous avons consenti un effort financier non négligeable à l'égard de nos sous-traitants.
Martial Bourquin considère que nous avons une obligation de résultats en termes d'emplois. Je le comprends. S'agissant de la production des amortisseurs, une autre solution était peut-être envisageable. Nous avons compris la leçon. Quoi qu'il en soit, nous n'avons pas à avoir honte de notre politique de l'emploi : PSA a recruté 3 000 personnes en 2011, dont 1 800 ouvriers. Nous mettons tout en oeuvre pour améliorer l'employabilité de nos salariés et leur assurer un emploi à long terme au sein de l'entreprise. Ce n'est pas si simple.
Quant à la recherche et développement, là encore, évitons les faux procès. Ce que l'on peut reprocher à PSA, c'est d'avoir parlé de ses sous-traitants. Qui d'autre en parle ? La présidence et la direction générale n'ont qu'un voeu : que la recherche et développement de PSA soit aussi compétitive que celle de ses concurrents allemands, qu'à moyens égaux elle produise autant de projets, autant de véhicules. Quant au China Tech Center, ce n'est pas avec 1 000 chercheurs que l'on crée une voiture : tout juste peut-on en adapter une, changer quelques pièces de sa carrosserie extérieure. Nous produisons aussi le moteur flex fuel au Brésil. Mais notre base technologique reste en France, à Vélizy, Sochaux et La Garenne-Colombes, où sont et resteront localisées toutes nos compétences en matière de moteurs et de boîtes de vitesse.