Intervention de René Ricol

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 20 décembre 2011 : 1ère réunion
Audition de M. René Ricol commissaire général à l'investissement

René Ricol, commissaire général à l'investissement :

Il se peut que des universités aient recruté des consultants, mais il s'agit d'autre chose... Vous avez trouvé mon propos abscons : c'est ennuyeux, voire inquiétant... J'ai eu plusieurs échanges avec les universitaires et les scientifiques : c'est à la demande de la conférence des présidents d'université unanime que nous avons adopté les jurys internationaux. Comment s'assurer de leur impartialité ? Ils sont proposés par l'ANR et nous procédons à des vérifications de bon sens, en lien avec les services de l'État. Il y a bien sûr des diligences à faire pour s'assurer que leurs membres ne soient pas contrôlés par des lobbies.

Des universités sont déçues, d'autres sont enthousiastes, c'est évident. A Lille, un Labex dans le domaine du diabète a reçu un montant considérable, qui lui confèrera une capacité mondiale. Je vous le dis, non en termes politiques, car ce n'est pas ma matière, mais en termes de gestion, car c'est la mienne : ce qui en train d'émerger est formidable ! Nous voyons se dessiner sous nos yeux une carte insoupçonnée, exceptionnelle. Des lieux qui passent leur temps à s'auto-flageller émergent, ils sont formidables et ce ne sont pas ceux que l'on aurait attendus, et pourtant ils ouvrent des perspectives, un potentiel inouïs.

L'enjeu du numérique, lui aussi, est formidable ! On est venu nous voir avec un projet de satellite : après examen, il a été décidé de ne pas mettre un sou dessus. Puis les promoteurs de ce projet sont revenus avec un autre programme, portant sur de la recherche et développement sur un satellite de télécommunications plus performant. S'il marche, il permettra de mieux couvrir les portions du territoire qui ne sont actuellement pas couverts par le numérique et, subsidiairement, nous pourrons l'exporter ! C'est ainsi que les choses se passent ! Autre exemple : les meilleurs scientifiques du secteur viennent nous voir avec un projet consistant à transformer la paille en bio-éthanol. Petit-fils de paysan, je connais la valeur de la paille : quand on n'en fait plus pendant deux ans, il n'y a plus de terreau, en période de sécheresse, elle vaut beaucoup d'argent... Quand j'ai demandé où était l'équilibre financier du projet, subitement, il n'y en avait pas ! Eh bien, les mêmes sont revenus avec un projet magnifique de production verte de bio-kérosène. Nous avons des équipes dont la France peut être fière, dont les territoires peuvent être fiers et qui demain produiront des emplois durables. Si je n'y croyais pas, je quitterais sur le champ ces fonctions bénévoles, dont je me félicite chaque jour.

Y a-t-il un décalage affectant les sciences humaines et sociales ? Il y a des projets magnifiques qui les concernent, je ne sais si l'on peut les chiffrer à 14 %, la sélection d'aujourd'hui en apporte une nouvelle preuve. Nous n'avons donné aucune consigne aux jurys. Ce sont les meilleurs projets qui gagnent. Peut-être que les porteurs de projets en ce domaine ont mis un peu plus de temps à les préparer, amis les résultats sont, là aussi, spectaculaires. Il n'y a aucun ostracisme.

D'autres approches sont possibles, par territoire ou par filière, comme le défendaient fortement les directions d'administration centrale. Nous nous sommes battus pour faire remonter les beaux projets du terrain. A Lille, le CHU avait proposé un projet magnifique, qui n'a pas été retenu par le jury, lequel a accordé à un seul laboratoire lillois le même montant que ce à quoi le CHU aurait pu prétendre.

Nous avons vu remonter de nombreux projets de très bonne qualité. Lorsque nous ferons le bilan, nous nous rendrons compte que nous avons des lieux exceptionnels. Il faut les soutenir, les aider à se développer. Les présidents de régions sont souvent assez proches de nos analyses. J'ai exercé deux fonctions d'intérêt général. J'ai sauvé beaucoup d'entreprises, lorsque j'étais médiateur du crédit, environ les deux tiers, soit 200 000 emplois, mais je pensais toujours à celles que je n'avais pas pu sauver. Je vais reprendre du service comme coordinateur du soutien aux entreprises. Ce que nous faisons donne des résultats et nous permet d'avancer. Pardonnez-moi de vous répondre avec le coeur et la passion qui m'animent !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion