Intervention de Nathalie Goulet

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 25 janvier 2012 : 1ère réunion
Forum transatlantique — Communication

Photo de Nathalie GouletNathalie Goulet, membre de la délégation du Sénat à l'Assemblée parlementaire de l'OTAN :

Je ferai pour ma part quelques observations.

Première remarque, les discussions lors de ce Forum transatlantique ont été particulièrement denses, même si la qualité des intervenants est très variable. Je me rappelle qu'il y a deux ans nous avions entendu une intervention très intéressante de Mme Madeleine Albright. Toutefois, on assiste aussi souvent à des interventions d'experts américains qui se contentent généralement de relayer les positions des autorités américaines. Au sein des parlementaires des pays de l'OTAN qui prennent part au forum, on trouve aussi un clivage entre les « atlantistes » et ceux qui se montrent plus réservés à l'égard des positions des Etats-Unis. Les membres de la délégation française se retrouvent généralement parmi le deuxième groupe.

Deuxième observation, que l'on retrouve à chaque forum transatlantique : le soutien inconditionnel des Etats-Unis à la politique israélienne. Qu'il s'agisse de l'attitude à adopter à l'égard du « printemps arabe », de l'Iran ou des autres dossiers internationaux, le soutien inconditionnel à la politique israélienne fait partie des constantes de la diplomatie américaine. En revanche, le processus de paix israélo-palestinien ne figure jamais à l'ordre du jour de ces réunions et lorsque l'on évoque ce sujet, ainsi que le rôle que pourrait jouer les Etats-Unis dans ce processus, on ne trouve aucune réponse.

Troisième observation : tout comme pour nous, le « printemps arabe » a été une véritable surprise pour les Etats-Unis. La diplomatie américaine n'avait pas anticipé ces révolutions, ce qui est plutôt rassurant pour notre diplomatie, même si traditionnellement les diplomates américains sont davantage protégés et moins bien insérés au sein des sociétés civiles dans les pays du Maghreb ou du Moyen Orient que les diplomates français en raison du risque plus élevé d'attentats terroristes.

Enfin, ma dernière remarque porte sur l'intervention du professeur américain M. Robert S. Litwak, vice-président des programmes et directeur des études de sécurité internationale au centre international Woodrow Wilson sur les défis posés par le programme nucléaire iranien. Cette intervention passionnante a été une véritable surprise pour moi et pour tous les participants à ce forum. Pour la première fois, un universitaire américain, spécialiste reconnu de ce sujet, n'a pas relayé le discours habituel et manichéen de l'administration américaine sur les dangers du programme nucléaire iranien, mais cet universitaire a développé une analyse approfondie sur les risques majeurs d'une intervention militaire et le caractère contre-productif et inefficace d'un renforcement des sanctions visant ce pays, qui risquent de peser lourdement sur les conditions de vie des populations civiles et de renforcer le nationalisme et le gouvernement en place. Plus généralement, il s'est livré à une analyse très éclairante sur l'évolution du vocabulaire utilisé par l'administration américaine, de l'Etat voyou à l'Etat paria, et sur le délicat équilibre à trouver entre la défense de nos intérêts et la défense de nos valeurs dans l'attitude à adopter à l'égard du « printemps arabe », puisque si nos valeurs nous poussent à soutenir la démocratie, la montée en puissance des courants islamistes, souvent victorieux des élections, ne correspondent pas toujours à nos intérêts.

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