Intervention de Philippe Marini

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 7 mars 2012 : 1ère réunion
Avenir de la zone euro — Communication

Photo de Philippe MariniPhilippe Marini, président :

Je rappelle que les détenteurs de dette grecque ont jusqu'à demain pour dire s'ils acceptent l'échange proposé au secteur privé. Hier, le gouvernement grec a indiqué qu'il pourrait faire défaut à l'égard de ceux qui le refusent, ce qui pourrait activer les credit-default swaps (CDS). Par ailleurs, si les créanciers privés étaient trop peu nombreux à accepter le plan, celui-ci pourrait être abandonné. Même si un tel scenario de rupture est peu vraisemblable, le pays connaîtrait un défaut massif et désordonné - ce qui n'est pas le cas dans l'hypothèse d'un échange.

Votre analyse est, à bien des égards, plus que convaincante. La BCE a récemment, par un détour intelligent, calmé les marchés, mais ne peut-on craindre qu'en franchissant ainsi une limite, elle ne jette le doute sur les objectifs qu'elle poursuit ? En ce qui concerne les perspectives de sortie de crise, doit-on avoir une vision « optimiste », ou « mécaniste », selon laquelle il suffirait de quelques aménagements ou détours ? Ou faut-il avoir une vision, que certains diraient « pessimiste », et que l'on peut dire « structurelle » ? Il faut en effet s'imaginer outre-Atlantique : l'Europe inspire-t-elle confiance ? Le contrat implicite selon lequel l'Allemagne et la BCE acceptent d'aider certains Etats, en échange d'une discipline budgétaire qu'ils semblent de plus en plus réticents à respecter, est-il encore tenable ?

La Commission a, à la fin de l'année 2011, froncé le sourcil et conduit le gouvernement belge, enfin constitué, à annoncer début 2012 des mesures supplémentaires de réduction du déficit. En Espagne, cependant, le nouveau Premier ministre, fraichement revêtu de la légitimité des urnes, a annoncé qu'après que son pays n'avait pas respecté son objectif de solde public en 2011, il ne tiendrait pas non plus celui de 2012, en jurant qu'il y parviendrait en 2013. Voilà qui pose la question des sanctions. Emprunter pour payer des pénalités financières ? C'est là, je vous rejoins, une politique de Gribouille. Si l'on entre dans les considérations politiques, ce sont bien les institutions qu'il faut revoir. Nous sommes largement d'accord là-dessus, même si vous comprendrez que certains mots me heurtent...

Cela étant, je ne crois guère aux vertus d'un ministère des finances européen, qui serait confié à une personnalité correspondant au plus petit commun dénominateur. Quant au traité intergouvernemental signé le 2 mars, il faudrait déjà qu'il soit ratifié, et savoir combien d'Etats le feront.

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