Mais n'est-il pas des mesures pour sortir de la crise sans passer par le chaos institutionnel ?
D'où ma deuxième question : un système fonctionnant avec un marché unique intégré plus large que la zone euro est-il viable ? Car il conduit à définir une politique commerciale plus large que la zone monétaire dans laquelle, pour se protéger, il faudrait d'autres règles vis à vis de la concurrence. Car ce problème de concurrence ne se pose pas seulement à l'égard des Etats-Unis ou de la Chine, mais des Etats membres hors zone euro.
Dans les lignes de force, vous placez la stabilité financière, la croissance, la paix. Raisonnement très humaniste, mais dont on peut se demander s'il est compatible avec ce que ressentent les citoyens en Grèce, en Espagne bientôt peut-être... Et puisque certains en viennent à pousser dans la campagne l'argument du référendum, il faut bien avoir présent à l'esprit qu'appliqué à l'Europe, le résultat, aussi, en serait certain : plutôt le chaos que le traité...
Me vient de là une certaine nostalgie de l'après-guerre, où les vues politiques avaient plus d'élévation. Et si l'on remonte même à la Première Guerre mondiale, il me semble que le discours d'un Jaurès, d'un Clemenceau, avait une autre tenue sur la scène du monde.
Je regrette que les considérations sur l'Europe restent très technocratiques. Chacun comprend les enjeux, mais les solutions institutionnelles proposées sortent toujours du cadre démocratique. Je ne me risquerai pas même à parler de souveraineté : on n'ose plus prononcer le mot...