Peu nombreuses sont les personnes qui défendent encore le « tout nucléaire » et, de la même manière, peu nombreuses sont les personnes qui préconisent un arrêt immédiat du nucléaire. Il convient en revanche de s'entendre, lorsque l'on parle de scénario raisonné, sur ce que l'on entend par « raisonnable ». Lorsque l'on dresse un parallèle avec l'agriculture raisonnée, on se rend compte qu'elle aurait dû faire la part plus belle aux agricultures alternatives. Ma crainte serait qu'on reconnaisse les énergies renouvelables, tout en continuant à mettre fortement l'accent sur le nucléaire. Concernant la recherche, les moyens devraient être beaucoup plus importants sur le bouquet des énergies alternatives. La problématique du stockage devrait en outre être résolue.
Un mot sur l'approche mondiale. L'Inde est déjà équipée : mais est-elle stable dans le temps ? Il est impossible de le savoir, tout comme il est impossible de savoir quel pays sera stable dans trente ans. Un représentant d'AREVA est récemment convenu, lors de nos journées parlementaires, que les pays émergents étaient une source importante de marchés pour exporter les technologies nucléaires. Concernant les coûts, comme y invite le rapport de la Cour des comptes du 31 janvier dernier, il faut évidemment prendre en compte les coûts de démantèlement, les coûts de sécurité, les coûts de gestion des déchets et on constate que le coût réel du Mégawattheure pour une centrale classique passe de 42 à 50 euros et de 70 à 90 euros pour l'EPR. Concernant l'acceptabilité sociale, la question se pose aujourd'hui pour les éoliennes par exemple, mais se l'est-on seulement posée pour le nucléaire ? Par exemple en Bretagne, il ne sera pas possible d'implanter une centrale nucléaire. D'où la nécessité de chercher un bouquet énergétique alternatif sur ce territoire.
Enfin, une phrase dans le condensé de votre rapport m'a fait bondir : « De plus, une décision d'arrêt total ou partiel de l'activité nucléaire risquerait d'affaiblir les dispositifs de sûreté mis en place en France ». Cela revient à dire que si on allait vers une sortie du nucléaire, les efforts seraient relâchés au niveau de la sécurité. Ce paragraphe me semble particulièrement dangereux.