Intervention de Thomas Piketty

Commission des affaires sociales — Réunion du 15 février 2012 : 1ère réunion
Loi de finances rectificative pour 2012 — Audition de M. Thomas Piketty

Thomas Piketty, économiste, professeur à l'école d'économie de Paris :

Il y a là une contradiction, en effet. On nous dit que les gens achèteront, anticipant une hausse des prix ; mais on affirme aussi que les prix n'augmenteront pas après l'entrée en vigueur de la mesure...

On pourrait choisir de taxer plus lourdement les produits importés de pays gros émetteurs de CO2 ou n'ouvrant pas leur marché intérieur aux importations : il y a d'autres solutions, plus directes, que la TVA sociale. Faut-il sortir le bazooka pour ne tuer qu'un frêle moineau ? Une taxe supplémentaire de 1,6 % sur les jouets chinois changera-t-elle quelque chose ? Les négociations avec les compagnies aériennes américaines et chinoises sur la taxe carbone sont plus efficaces.

J'en viens à la déductibilité. Selon moi, mieux vaudrait appliquer l'impôt sur le revenu et la CSG à la même assiette, sans déductibilité. Ce serait la solution la plus simple, car aujourd'hui, entre les parts déductible et non déductible, un employeur qui embauche est incapable de dire quel sera le montant exact du salaire net. Cependant, je ne suis guère optimiste sur la rapidité avec laquelle le transfert pourrait être réalisé.

Quant aux délocalisations, soyons réalistes, en quoi une augmentation de la taxation de 1,6 % sur les produits importés serait susceptible d'empêcher la délocalisation d'une usine Renault au Maroc ? Je ne crois pas la mesure opérante, de ce point de vue.

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