Intervention de Jean-Louis Carrère

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 21 février 2012 : 1ère réunion
Audition de M. Henri de Raincourt ministre auprès du ministre d'etat chargé de la coopération sur la situation au sahel

Photo de Jean-Louis CarrèreJean-Louis Carrère, président :

Vous rentrez d'Alger, vous avez effectué une tournée régionale au Mali, au Niger et en Mauritanie les 9 et 10 février derniers, je vous suis particulièrement reconnaissant d'avoir répondu à notre sollicitation dans cet emploi du temps chargé. Notre commission est en effet préoccupée par la situation au Nord Mali et souhaiterait avec vous faire le point sur l'attitude du Gouvernement face à la rébellion nordiste au Mali. Nous vous savons mobilisé sur ce sujet comme en témoignent vos déplacements.

La question Touarègue n'est pas nouvelle. Comme l'illustre la carte que nous avons dans notre salle, le Mali agrège deux régions hétérogènes unies seulement par le fleuve Niger et également par la religion islamique. Au Sud humide dominent les bambaras. Au nord aride, mais au sous-sol riche, vivent des groupes blancs touaregs, arabes, berrabiches et noirs avec notamment les Songhaï, les Soninkés et les Peuhls.

L'actuelle rébellion est la quatrième révolte armée depuis l'indépendance ; elle survient à la veille des élections présidentielles. Sa virulence s'explique en partie par l'impact du conflit libyen qui a provoqué le repli au Nord Mali d'unités touarègues de l'armée libyenne.

Il s'agit d'une situation que je comprends être particulièrement complexe, où chaque acteur de ce dossier mène, comme on dit, plusieurs agendas. Nous souhaiterions avoir votre vision des forces en présence et votre analyse des causes de ce conflit. Mais ce qui nous importe avant tout c'est de savoir ce que vos services ont entrepris pour favoriser une médiation. Il nous semble, en effet, que de par nos intérêts dans la région -je rappelle que nous avons six otages au Nord Mali- et les intérêts forts du Niger, limitrophe, la France peut difficilement faire l'économie d'une position dans la crise actuelle. Cette crise peut dégénérer et aboutir à long terme à une sécession. Un tel événement ne serait pas dans notre intérêt et pourrait être un facteur de déstabilisation dans l'ensemble de la région.

Mais je comprends aussi qu'une intervention trop marquée pourrait nous aliéner les autorités maliennes et raviver un sentiment anti-Français, la voie semble donc étroite. Vous nous direz si vous en avez trouvé le chemin. Nous souhaiterions bien évidemment savoir dans quelle mesure l'Algérie est en capacité de mener une médiation, quelle est la position de la Mauritanie, quel pourrait être le rôle de l'Union européenne, de l'Union africaine et de la CEDEAO ?

Bref, nous comprenons l'urgence et la difficulté du positionnement français. Nous souhaiterions savoir ce qui est entrepris pour mettre fin à une crise qui pourrait remettre en cause les élections, la stabilité du pays, mais également déboucher sur un drame humanitaire.

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