Les réponses s'apparentent parfois à des usines à gaz. Les formations sont figées. Or une crise, par définition, casse les règles du jeu !
Les retours d'expérience sont complexes et soulèvent tant d'inquiétudes...notamment des dirigeants. Mieux vaut aller à la recherche des meilleures idées que l'on a eues dans le monde. Lors des exercices, il ne faut pas traiter les acteurs comme des personnages passifs, mais les associer, développer la capacité à travailler ensemble, faire société.
Nous avons changé d'univers et nous n'avons ni les outils intellectuels ni la souplesse psychologique nécessaires pour y faire face. Le problème principal est le leadership. La communication ne fait que suivre.
Défaillance d'imagination, défaut d'initiative : à propos du 11 septembre, un parlementaire américain demandait « pourquoi est-on toujours en retard d'une guerre ? ». L'amiral Thad Allen, nommé quelques jours après Katrina, disait clairement que les procédures habituelles ne pouvaient s'appliquer : non, ce n'était pas un cyclone habituel. Le nombre de personnes évacuées fut plus grand que lors de n'importe quelle crise précédente aux États-Unis : 1,5 million, pour 225 000 logements détruits ! Son premier objectif fut de redéfinir l'événement, comme équivalent à une attaque par une arme de destruction massive. Il faut faire appel à l'esprit critique des gens ; les exercices convenus ne suffisent plus.
M. Roy Williams, directeur de l'aéroport de la Nouvelle-Orléans, partait des mêmes principes. L'aéroport, habituellement lieu de flux, était devenu un lieu de stock, abritant le plus grand refuge, le plus grand hôpital, la plus grande maternité du pays... Les dortoirs des secouristes et les cuisines y furent installés : ce n'était pas réglementaire mais cela permettait d'avoir un contact permanent avec les équipes d'intervention, sans passer par le téléphone.
M. Todd LaPorte, professeur à l'université de Californie à Berkeley, ne dit pas autre chose : il faut se préparer à être surpris. En termes d'organisation, cela change tout.
Certes, il faut que chacun soit parfaitement compétent dans son domaine. Mais, surtout, il faut être prêt à travailler avec les granularités sociétales, les trajectoires qui ne sont pas dans les livres. La réalité n'attendra pas !