Je partage les positions de notre Président et de Laurence Rossignol. Nous avons travaillé dans de bonnes conditions et mon amendement vise un peu à provoquer une discussion sur la sécurité alimentaire en approvisionnement. Nous allons bientôt devoir nourrir 9 milliards d'individus, avec des contraintes fortes : les surfaces cultivables ne sont pas extensibles à l'infini, et l'aléa pluviométrique est fort ; il pourrait, plusieurs rapports en font déjà état, rendre infertiles des terres aujourd'hui cultivables.
Or, le problème, c'est la façon dont nous utilisons les surfaces disponibles. On cultive des céréales pour nourrir des animaux qui fournissent des protéines animales à l'homme. Les Chinois, eux, consomment eux-mêmes le riz qu'ils cultivent ! De là à prôner un virage sur la façon dont nous exploitons les terres fertiles, c'est-à-dire consommer moins de produits carnés et davantage de protéines végétales, il n'y a qu'un pas, qu'ont déjà franchi les scientifiques, les médecins et les diététiciens. Nous-mêmes, imperceptiblement, parce qu'il ne faut pas le dire, consommons moins de produits carnés depuis vingt-cinq ans : nous sommes passés de 98 kilos de viande par habitant à 85 kilos, avec une diminution relative de la part de la viande de boeuf au profit du porc et de la volaille. Le modèle alimentaire des pays développés, caractérisé par une forte consommation de produits carnés, va vite devenir insoutenable pour l'humanité. Sa remise en cause est inéluctable : elle signifie, en clair, que nous produirons davantage de céréales, non plus pour les animaux, mais pour les hommes. Ce qui est une réponse rationnelle à la question de la bonne utilisation des surfaces.
J'ai tenu à le mentionner dans le rapport afin que le débat soit soulevé.