Je reviens sur les propos de notre collègue Maurey. On ne peut pas dire qu'il ne s'est rien passé depuis 1992. Les indicateurs environnementaux se sont dégradés, mais c'est surtout à cause du changement dans les relations économiques. La mondialisation et la montée en puissance des pays émergents n'étaient pas totalement prévisibles. Le constat n'est pas blanc ou noir !
En réalité, j'ai envie de comparer l'état du développement durable à l'égalité homme-femme. Aujourd'hui, tout n'est plus permis, et en même temps, si l'égalité formelle est acquise, on ne peut pas parler d'égalité réelle. De même, le développement durable est une préoccupation partagée par tous, sans que les actes soient encore au rendez-vous.
Dans ce contexte, l'enjeu de Rio+20 est de tenir le cap, d'éviter l'échec et toute régression par rapport à 1992. Il s'agit avant tout de sauver le Sommet, c'est-à-dire son esprit, ses principes, et son cadre : l'économie verte et la participation de la société civile aux décisions environnementales. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être en retrait sur le développement durable par rapport au sommet de 1992, et l'économie verte ne doit pas effacer les quatre piliers cités par notre collègue : l'environnement, l'économie, la dimension sociale et la culture.
Je comprends le besoin de mesures concrètes de certains de nos collègues, mais poser un cadre et affirmer des principes permet d'agir au niveau international.
Dans notre travail, je ne vois pas de volonté de décroissance. Certes, nous affirmons que le modèle actuel de croissance des pays industrialisés n'est pas exportable à l'échelle de la planète. La finitude des ressources naturelles nous oblige à réfléchir à un nouveau modèle de développement. Notre rapport soutient que l'économie verte est ce nouveau modèle et qu'elle constitue justement l'alternative à la décroissance.
Sur le point précis du bouquet énergétique soulevé par Jean Bizet, il me semble que la réflexion doit être menée au niveau européen plutôt qu'au niveau mondial où la coercition serait difficile à obtenir.
En ce qui concerne la sécurité alimentaire et sur la base des amendements qui nous ont été transmis, nous avons rajouté, « sécurité de l'approvisionnement alimentaire » et « sécurité sanitaire ». C'est un amendement de notre collègue Deneux.
En matière d'agriculture, on parle de produire plus et produire mieux : j'aimerais qu'on m'explique ce que cela signifie pour 7 à 8 milliards d'habitants. Produire plus non seulement ne garantit pas de produire mieux, mais surtout hypothèque le « produire plus » de demain : on ne peut pas faire fi de l'érosion des sols, de la disparition des terres agricoles, de l'assèchement des nappes phréatiques...
Il faudrait aussi, lorsqu'on évoque l'eau, parler de l'assainissement, un des sujets fondamentaux lié à la métropolisation sur l'ensemble de la planète.