Intervention de Charles Biétry

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 27 juin 2012 : 1ère réunion
Audition de M. Charles Biétry vice-président de la chaîne bein sport

Charles Biétry, vice-président de BeIN Sport :

Certes, a priori, un match PSG-Real Madrid réunit plus de téléspectateurs. Mais le handball est pratiqué à l'école, il intéresse donc beaucoup de monde. Et ces joueuses semi-professionnelles ont des vies fabuleuses : l'une quitte son travail pour venir jouer et repart travailler dès le match achevé, l'autre amène ses deux bébés dans un couffin, les installe dans la tribune d'honneur et jette un oeil de temps en temps pendant le match. Nous voulons raconter ces histoires, elles sont la vérité du sport, celui-ci ne se résume pas à l'or et aux paillettes, aux pétrodollars qui ruissellent...

Nos chaînes ne seront pas des robinets ouverts distribuant à jet continu des matchs ; oui, il y a dans le football de très beaux programmes qui assureront à la chaîne une rentabilité rapide. Mais la journée sera rythmée par des émissions : Expresso de 6 à 9 heures, présentée par deux jeunes qui parleront des évènements de la nuit et livreront de l'information, de l'actualité ; Midi Factory de midi trente à 13 h 30, pour un décryptage réfléchi des images ; une émission de football de 19 heures à 20 heures ; enfin, de 23 heures à minuit, le film de la journée sera repris avec une patte cinéma, pour trancher avec le style du reste de la journée. La moyenne d'âge de la rédaction est inférieure à trente ans et nous avons créé 170 emplois, sans compter le renfort de 1 000 à 1 500 personnes le week-end.

Nous diffuserons en direct huit matchs de Ligue 1 - deux en différé - ainsi que neuf matchs de Ligue 2. Al Jazeera a créé une chaîne en France pour faire de la télévision, mais le président M. Nasser Al-Khelaïfi l'a dit, nous souhaitons aussi apporter une aide au sport français. Nous aurions pu nous passer des matchs de la Ligue 2, mais les clubs de Guingamp, d'Angers ou d'ailleurs ont besoin de droits télévisuels. Nous éviterons la désaffection que pourraient connaître certaines disciplines ou certaines catégories de clubs. Ainsi, nous avons la volonté d'essayer de reconstruire la boxe, en organisant une fois par mois une réunion de néo-pro. C'est un travail en profondeur dans le sport français qui débute. Il a un aspect social. Par exemple, BeIN Sport proposera des cours d'anglais à partir du vocabulaire du sport : les langues étrangères sont plus ou moins bien enseignées en France, les enfants auront avec nous une chance de plus.

Pendant un an, nous avons suivi une équipe du Blanc-Mesnil, qui joue en division d'honneur, pour voir comment se passait la vie dans une banlieue où cohabitent des musulmans, des juifs, des blancs, des noirs... Nous sommes allés jusqu'au poste de police où un gamin membre du club était retenu après une bêtise. Dans le département, les habitants ont été contents de cette expérience. Nous aussi ! Nous avons le sentiment d'avoir fait bouger quelque chose.

Nous essayerons d'être très humains, alors que la société actuelle, la télévision et le monde du sport sont devenus agressifs - le monde du sport est également devenu bête, nous l'avons vu tout récemment. Si je prononce le mot amour, je vais faire sourire, mais nous sommes à la recherche de convivialité, de paix, contre l'agressivité ambiante dans les stades, à la télévision, et même dans la presse écrite. Cela ne nous empêchera pas d'évoquer les problèmes. Mais nous ne serons ni des procureurs ni des juges, on en a trop vu, il y a très peu de temps encore.

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