J'étais à l'origine enseignante en mathématiques, en collège, et suis membre du Mouvement pour une alternative non-violente (MAN). Je suis devenue formatrice au sein de l'institut de formation du mouvement, l'Ifman. Puis j'ai réintégré l'éducation nationale comme formatrice en partageant mon temps entre l'IUFM et le rectorat, entre formation initiale et continue en collèges et lycées.
Il y a beaucoup à faire pour améliorer la formation des enseignants au-delà de la transmission disciplinaire. On s'est déjà penché dans le passé sur la façon d'aider les enfants à développer des compétences de communication, de coopération, de créativité, afin de résoudre plus facilement les conflits et la violence à l'école. Cela suppose une expérimentation par les enfants, une pratique de la citoyenneté en classe, l'apprentissage du temps de parole, la formation de médiateurs ou de délégués...
J'interviens, en formation continue, dans deux cadres différents. D'abord les stages, auxquels s'inscrivent, individuellement, des enseignants, conseillers principaux d'éducation, assistants sociaux, infirmiers, secrétaires. Hélas, quand ils reviennent dans leur établissement avec des idées et des projets, rien ne se passe car autour d'eux, rien n'a bougé. C'est pourquoi je préfère l'autre cadre, l'intervention directe dans les établissements, auprès de groupes de 15 ou 20 inscrits, sur deux ou trois jours, en axant la formation, selon les demandes, sur la gestion des émotions, la tenue de classe, la transgression et la sanction, le fonctionnement des classes, ou encore, l'organisation de la parole. Lorsque nous parlons des conflits entre les élèves, ou entre les élèves et les adultes, nous arrivons immanquablement à évoquer un manque de travail en équipe des adultes.
Une précision : les « conflits », souvent inévitables, recouvrent, dans mon acception, tous les désaccords qui tendent les relations. Il ne s'agit pas de les éviter mais de les traiter de façon civilisée ; c'est toujours l'occasion de progrès.
Le MAN est membre de la Coordination pour l'éducation à la non-violence et à la paix, qui regroupe plus d'une cinquantaine d'associations. Elle soutient la proposition de loi présentée il y a un an par M. Jean-Pierre Sueur. Peut-être faudra-t-il intégrer ce texte dans une future loi d'orientation pour l'école...