Il n'échappe pas au thème. Mais une conférence de pré-rentrée où 300 enseignants débutants, un peu ou très angoissés, reçoivent quelques vagues recommandations, n'a rien à voir avec une réflexion de fond, guidée par des formateurs et intervenant en parallèle du travail sur le terrain. Certes, les jeunes enseignants ont suivi des cours de psychologie de l'enfant ou de l'adolescent. Mais ils n'y trouvent pas de réponse sur la conduite à tenir lorsqu'un élève leur dit, pardonnez-moi le terme, « vous me faites chier ».
Il est important de travailler avec les jeunes collègues sur tous les éléments concourant à l'autorité, au lieu d'asséner que « l'autorité, on en a ou pas », assertion qui est totalement fausse et le meilleur moyen de les abandonner à l'impuissance. Durant les formations, nous explorons tous ces éléments. Dans un lycée professionnel, par exemple, si les choses fonctionnent encore un peu, on se demandera pourquoi. Et la réponse sera : parce que les jeunes sont consentants. Il est vain de vouloir instaurer une relation frontale, un rapport de force, à une époque où nombre de familles ne valorisent pas l'autorité de l'enseignant : l'enseignant sera seul contre trente-cinq et le fait qu'il représente l'institution n'y changera pas grand-chose. Mais s'il fonde son autorité sur les besoins de la classe, y compris de sécurité, et sur ses propres compétences, une certaine confiance s'installera. Ce qui n'empêchera pas les transgressions, habituelles chez les adolescents.
Il faut aussi travailler sur les règles. De nombreux établissements ont élaboré une charte, mais on y trouve souvent tout et n'importe quoi. Il est important de distinguer entre ce qui dépend de la loi et ne saurait faire l'objet d'une négociation, ce qui relève du règlement intérieur et ce qui relève des règles de vie posées par l'enseignant. Il y a enfin un espace pour l'élaboration de règles en commun avec les élèves, à condition que les adultes assument le non-négociable. On peut alors espérer que les élèves, ayant l'occasion à la fois de se confronter à un cadre ferme et d'expérimenter la fabrication commune de règles, adoptent un rapport plus mature à la loi. L'obéissance à la loi laisse de toute façon une place à l'objection de conscience...
Les enseignants se laissent parfois emporter par leurs émotions et alors, tout part en vrille dans la classe. Il faut se poser les questions en amont des crises...
Quant à l'organisation de la parole, pour que chacun puisse s'exprimer dans un groupe, une régulation est indispensable. Les échanges, les avis, doivent intervenir à certains moments, certainement pas au milieu des cours comme dans le film Entre les murs, parfait exemple de ce qu'il ne faut pas faire.
Les formations comme celles que j'anime sont plus courantes qu'on ne le croit, mais elles deviennent anecdotiques à mesure que les moyens de la formation continue diminuent.