Pendant longtemps tous les mouvements politiques se réclamant de l'Islam ont été diabolisés. C'était l'alibi des dictatures du monde arabe, qui ont combattus de façon très violente tout ce qui aspirait à un peu de liberté et de démocratie, au nom de la lutte contre l'obscurantisme islamique, avec le soutien des pays occidentaux. Aujourd'hui des dictatures tombent sous la pression de mouvements populaires et le monde découvre que ces mouvements ne sont pas si effrayants que cela. En Tunisie, le seul pays où le processus a abouti, les islamistes modérés et pluralistes ont accédé au gouvernement avec des partis laïcs de gauche. En Égypte, le dictateur est tombé mais la dictature militaire instaurée par Nasser est toujours en place. L'élection du M. Ahmed Chafik aurait ouvert une crise très grave, le peuple l'a refusée et a élu M. Mohamed Morsi qui est issu des Frères musulmans, il faut lui laisser sa chance. Les Frères musulmans sont une force complexe et réaliste mais divisée entre la « jeune garde » qui a participé avec les mouvements laïcs aux évènements de la place Tahrir et apparaît plus ouverte, et les « anciens » qui souhaiteraient accaparer le pouvoir, mais leur programme s'est modéré. Ils acceptent aujourd'hui d'abandonner la violence, de se référer au droit international, de reconnaître les frontières. Leur influence sur le Hamas est très positive, dans le sens du réalisme et de la modération. Il faut donc se garder de jugements hâtifs.