Intervention de Jean-Marc Ayrault

Réunion du 5 juillet 2012 à 15h00
Débat sur les résultats du conseil européen des 28 et 29 juin 2012

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre :

Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je suis heureux de me trouver à nouveau devant vous. Aujourd’hui, je viens vous rendre compte de la réunion du dernier Conseil européen des 28 et 29 juin, le premier du nouveau Président de la République, François Hollande, et du nouveau gouvernement. Je le fais bien évidemment au nom du Président de la République, qui a représenté la France à ce Conseil.

Vous le savez, les enjeux étaient particulièrement lourds pour la zone euro. Un échec aurait pu déclencher une nouvelle vague d’instabilité et de spéculation, voire pire. Mais je crois que les résultats ont été à la hauteur des enjeux et qu’ils peuvent être qualifiés de positifs.

Les décisions prises sont ambitieuses non seulement pour la croissance, mais aussi pour la stabilité. Elles étaient indispensables pour répondre à l’aggravation de la crise. En effet, depuis 2008, la crise a connu plusieurs phases et a profondément changé de nature. En 2010, elle est ainsi devenue une crise des dettes souveraines. Elle s’est successivement attaquée aux États de la zone euro parmi les plus fragiles, qui ont été touchés les uns après les autres.

Certains pays ont eu le sentiment, à tort, qu’ils étaient à l’abri de tout risque de contagion. Pourtant, la contagion s’est produite : la Grèce, l’Espagne, puis l’Italie ont été successivement confrontées à des difficultés de financement, les marchés leur imposant des taux très élevés, voire insupportables. La confiance des investisseurs dans la zone euro a été considérablement affaiblie. On peut donc dire que la crise des dettes souveraines est devenue systémique.

Pour la stopper, le Conseil européen n’avait pas d’autre choix que de prendre non seulement des mesures structurelles ambitieuses, mais également des mesures de court terme.

Cela m’amène au deuxième point que je souhaite aborder.

Après dix-huit sommets de crise, l’échec n’était pas permis. L’enjeu était d’autant plus important que la succession de sommets européens, souvent présentés comme des « sommets de la dernière chance », des sommets où l’on avait trouvé la solution, où tout était réglé, a malheureusement débouché sur des réponses inadaptées ou insuffisantes. Celles-ci ont, au contraire, aggravé la crise. Il en a ainsi été dans le déroulement de la crise grecque et des autres crises nationales.

Il fallait donc changer de méthode, et le Président de la République n’est pas pour rien dans cette évolution, même s’il ne s’est pas trouvé seul.

Nous n’avons pas cédé à la tentation, qui aurait été celle de la facilité, de nous en remettre au principe d’un directoire franco-allemand. Nous avons bien sûr travaillé étroitement avec l’Allemagne, et nous devons continuer à le faire pour rechercher avec elle le maximum de convergences – en effet, si nous arrivons à un Conseil avec des divergences et que nous en sortons au même point, cela sera évidemment un échec –, …

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