Intervention de Richard Yung

Réunion du 5 juillet 2012 à 15h00
Débat sur les résultats du conseil européen des 28 et 29 juin 2012

Photo de Richard YungRichard Yung :

Les appels à l’aide de l’Espagne et de l’Italie ont été entendus. En décidant de soutenir les pays de la zone euro qui ont effectué des réformes importantes et qui redressent leurs comptes publics, les Vingt-sept leur ont apporté une aide durable. L’Espagne a ainsi pu bénéficier d’une baisse importante de ses taux d’emprunt à dix ans.

La création, d’ici à quelques mois, d’un mécanisme de surveillance unique pour les banques de la zone euro ouvre la voie à la mise en place d’une « vraie » union bancaire.

Les scandales en série dans le monde bancaire, en Espagne, en Allemagne, en Italie, un peu en France aussi, montrent la nécessité d’élargir ce mécanisme à l’ensemble des banques européennes, comme a d’ailleurs proposé de le faire le Président de la République. Plusieurs scénarios existent.

Se pose en particulier le problème de la place financière de Londres, qui ne fait pas partie de la zone euro mais où les scandales financiers et bancaires sont encore plus incroyables qu’ailleurs. On a ainsi récemment vu la Barclays, la plus grande institution bancaire britannique, jouer de façon illégale avec le Libor, le London Interbank Offered Rate, qui permet de fixer les taux d’emprunt entre banques, tout cela pour pouvoir verser un bonus de 17 millions de livres à M. Diamond… Soit dit en passant, celui-ci a ensuite demandé au conseil d’administration de voter la prise en charge de ses impôts sur ces 17 millions, ce qui ne l’a pas empêché de faire des tournées de conférences sur les valeurs éthiques du système bancaire britannique…

Plusieurs autres questions, que nous aborderons peut-être au cours du débat interactif, restent en suspens. Ainsi, quel rôle la BCE jouera-t-elle précisément à l’égard du mécanisme de surveillance unique ? Quelle sera l’articulation entre la BCE et l’Autorité bancaire européenne ?

Quant à la levée du statut de créancier privilégié du MES, elle contribuera à rassurer les investisseurs privés.

L’assouplissement des conditions d’achat de titres de dette d’un État membre par le MES permettra également une baisse de la pression des marchés. M. Mario Monti a ainsi obtenu – à mon sens, de façon juste – ce qu’il demandait, c’est-à-dire la mise en place d’un « bouclier anti-spread », permettant de lutter contre les écarts existant entre les taux d’intérêt des différents pays.

La réorientation de la stratégie de sortie de crise est nécessaire.

Outre les mesures d’urgence que je viens d’évoquer, le Conseil européen a permis un rééquilibrage de la stratégie de sortie de crise en faveur de la croissance.

Le pacte pour la croissance et l’emploi constitue sans nul doute l’une des avancées majeures – sinon l’avancée majeure – du Conseil européen. Il reprend en grande partie le contenu du document de travail que le Président de la République a adressé à ses partenaires européens le 14 juin dernier. La croissance et l’emploi sont désormais au cœur de l’agenda européen. L’Europe n’a plus l’austérité pour seul horizon. Le Président de la République a en effet su donner l’impulsion nécessaire pour bâtir un plan d’investissement et de dépenses qui a déjà été évoqué et sur lequel je ne reviens pas.

Le pacte pour la croissance et l’emploi n’a certes pas la même forme juridique que le pacte budgétaire, le TSCG. Cependant, il s’agit d’une décision qui a une portée politique importante. Monsieur Billout, des décisions unanimes du Conseil des chefs d’État et des chefs de gouvernement de l’Union européenne, ce n’est tout de même pas rien ! Je rappelle que, par le passé, d’autres décisions du Conseil européen ont eu un impact aussi contraignant qu’un acte juridique ; je pense notamment au changement de nom de la monnaie unique, d’écu en euro.

Comme tout le monde, je me félicite de la décision des Vingt-sept d’autoriser le lancement d’une coopération renforcée afin de créer une taxe sur les transactions financières. Le Président de la République a joué un rôle important en la matière. Beaucoup a été dit, je ne m’y attarde pas, nous aurons certainement l’occasion d’y revenir lors du débat.

Monsieur Marini, vous vous inquiétez à juste titre des états d’âme de M. Cameron. Nous les partageons, même s’il n’a que la moitié d’un pied en Europe ! Et encore…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion