Madame la ministre, je vous félicite d'être allée à l'essentiel : nous avons besoin d'un État stratège dans une France décentralisée et diverse. Au Sénat, nous savons bien que les problèmes - et leurs solutions - varient avec les territoires : merci de l'avoir dit et d'en faire un choix politique majeur. Il faut effectivement aider les villes en difficultés, mais sans délaisser les territoires qui se sentent oubliés - et qui l'ont dit avec force en votant pour l'extrême-droite.
Nous sommes également favorables à la fin de la révision générale des politiques publiques (RGPP) et à une présence territoriale renouvelée des services publics. Je vous proposerais volontiers cette formule : ni statu quo, ni déménagement du territoire. Une évolution des services publics est nécessaire, parce que les services changent, de même que les territoires ; mais cette évolution pour plus d'efficacité ne signifie pas un déménagement du territoire - pourquoi ne pas, plutôt, chercher à inverser la tendance, en aidant l'installation de travail dans les territoires qui en manquent ? On connaît les contrats urbains de cohésion sociale, pourquoi ne pas tenter aussi des contrats ruraux de cohésion sociale ?
Enfin, le changement de politique ne pourra se passer d'une grande réforme de la fiscalité locale et de la redistribution de richesses entre territoires : c'est à ce prix seulement que nous pourrons contrer l'exode périurbain.
J'ajoute que si, comme vous le dites, la région est chef de file en matière économique et le département en matière sociale, les collectivités locales disposent d'une clause générale de compétence : les départements ne peuvent se contenter d'agir pour la solidarité sociale, ils ont un rôle économique à jouer, au service du développement territorial. Comme vous le voyez, vous avez - nous avons - du pain sur la planche !