Intervention de George Pau-Langevin

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 10 juillet 2012 : 1ère réunion
Audition de M. Vincent Peillon ministre de l'éducation nationale et de Mme George Pau-langevin ministre déléguée auprès du ministre de l'éducation nationale chargée de la réussite éducative

George Pau-Langevin, ministre délégué, chargée de la réussite éducative :

J'apprécie d'être parmi vous, connaissant la qualité de travaux du Sénat, tels ceux de Mmes Gonthier-Maurin et Cartron.

Que signifie la réussite éducative ? Si la dénomination de mon ministère a pu susciter des commentaires ironiques, cette notion correspond pourtant à une réalité bien concrète pour les nombreux acteurs qui s'y consacrent. Alors que cette réussite est un objectif de notre système scolaire, force est de constater que chaque année 150 000 jeunes - dit-on - en sortent sans diplôme ni qualification, et donc avec des perspectives d'accès à l'emploi réduites. Lorsque j'étais jeune, l'on disait à ceux qui ne souhaitaient pas apprendre « l'agriculture manque de bras », mais on ne pourrait plus le dire aujourd'hui tant le métier d'agriculteur, comme d'ailleurs toutes les activités professionnelles, exige désormais des connaissances incontournables.

Non seulement, malgré le dévouement des enseignants et les moyens accordés, le système ne compense pas les inégalités, mais le plus préoccupant est qu'il les augmente. Les écarts constatés dans l'acquisition sont plus grands en troisième qu'en CM2, et la situation des zones prioritaires s'aggrave. Cet écart entre les intentions et la réalité place la France en très mauvaise position au sein de l'OCDE.

Nous devons repenser nos méthodes afin que, dans notre système, égalité et efficacité aillent de pair. Les enfants comme les parents se rendent bien compte que l'école ne respecte pas complètement les promesses du pacte républicain. Lorsqu'on a le sentiment que l'école vous élimine, cela peut alimenter une certaine amertume à l'encontre de ce pacte, et c'est alors l'ensemble de la cohésion sociale qui est en cause.

L'école ne pouvant résoudre toute seule les difficultés de la société, c'est donc à l'enfant, au futur citoyen dans sa globalité, que nous devons nous intéresser en prenant en compte l'ensemble des facteurs économiques, culturels ou liés à la santé qui influent sur sa réussite.

Mon premier travail portera sur ceux qui ont quitté le système scolaire, les décrocheurs, et notamment sur les moyens de les raccrocher.

Il concernera aussi l'orientation. Si cette dernière a pu donner lieu à des petites luttes feutrées, à propos de la répartition des compétences notamment, je sais en tout cas que l'orientation est souvent mal vécue par les jeunes. Lorsque partir en lycée professionnel est ressenti comme la mise sur une voie de garage, il y a démotivation qui conduit à l'échec. Nous devrons travailler avec les collectivités et en particulier avec les régions, compte tenu de leur rôle en matière de formation professionnelle.

S'agissant de la réussite des élèves en situation de handicap, si le principe de l'inclusion est excellent et que beaucoup a déjà été fait, rappelons qu'accueillir ces élèves dans une classe sans une assistance suffisante rend difficile le travail du professeur. Or, non seulement les budgets prévus pour reconduire ces accompagnements ne sont pas suffisants, mais en plus la qualification professionnelle, pourtant nécessaire, des personnes qui les encadrent n'est pas assurée. C'est un sujet sur lequel nous allons travailler avec Mme Carlotti.

Mon action devra en effet être interministérielle et transversale.

Elle s'accomplira avec le ministère de la famille, les difficultés scolaires de beaucoup d'enfants étant liées au contexte familial difficile, et avec le ministère de la ville qui gère conjointement avec nous la plupart des dispositifs d'éducation prioritaire. De même, je travaillerai avec le ministère de la justice, un certain nombre de nos gamins en difficulté relevant aussi de l'intervention de la protection judiciaire de la jeunesse, et avec le ministère des affaires sociales, puisqu'une grande partie de la protection de l'enfance relève de l'action sociale et des départements. L'action du ministère sera aussi menée main dans la main avec l'ensemble des acteurs tels que les mouvements d'éducation populaire. Il s'agit en fait d'un travail de pilotage prenant en compte ces diverses préoccupations.

La méthode retenue consistera de plus à étudier les innovations et expérimentations déjà menées, de façon à identifier celles qui sont susceptibles d'être étendues. Il ne s'agit donc pas du tout d'un ministère de l'éducation nationale bis, mais d'un ministère qui s'intéressera aux difficultés rencontrées sur certains sujets, ainsi qu'aux bonnes pratiques existantes.

J'aurai fréquemment l'occasion de venir devant vous.

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