Intervention de Vincent Peillon

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 10 juillet 2012 : 1ère réunion
Audition de M. Vincent Peillon ministre de l'éducation nationale et de Mme George Pau-langevin ministre déléguée auprès du ministre de l'éducation nationale chargée de la réussite éducative

Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale :

La transparence doit nous guider. J'ai rencontré les présidents de conseils généraux, il y en a ici, je sais qu'avec eux, comme avec les grandes villes, un accord sera possible, dans la clarté, dès lors que nous obtiendrons certains résultats. Ma seule préoccupation est liée à l'observation suivante : chaque fois que l'on a décentralisé ou innové sans faire attention, les inégalités se sont accrues. Le Sénateur-maire d'Hallencourt ne me contredira pas : organiser une activité culturelle après 16 heures est plus complexe au fin fond de la Somme ou dans une zone urbaine difficile qu'en centre ville. J'en ai parlé avec le Président de la République : notre responsabilité est d'assurer la péréquation et la solidarité entre les territoires. Cette réforme ne se fera pas si elle n'est pas accompagnée de cette nécessaire solidarité. C'est grâce aux élus locaux, et non à l'État, que la dépense d'éducation a augmenté dans notre pays. Ils doivent être profondément associés à cette réforme. Le travail a été facilité au sein de ma formation politique. Je me porte garant de la péréquation

Dans une période de grande difficulté pour la France, Madame Gonthier-Maurin, le budget de l'éducation nationale augmente. C'est, je le répète, une chance et une responsabilité. Il est toujours facile de vouloir davantage, mais ce n'est pas toujours possible. Nous avons suffisamment pour ce que nous devons faire : les trois heures de décharge avant la création des écoles supérieures. L'endettement de la France fait peser sur nos successeurs notre propre gabegie. Aucun Président de la République n'a accordé une telle priorité à l'éducation nationale, difficile à vivre pour d'autres fonctionnaires. Le nombre de postes non pourvus s'élève à 545, après les 280 créations que nous avons décidées. Nous respectons l'autonomie des jurys. Ce n'est pas le Président de la République qui fait les listes d'admis aux concours, mais il peut inciter à ce qu'il y en ait davantage. Nos utilisons une disposition légale permettant aux admissibles à l'agrégation d'être reçus directement au CAPES, sauf pour les professeurs d'éducation physique. Je le dis devant les élus d'outre-mer : peut-être pouvons-nous ici ou là rajouter quelques postes. Mais nous avons le devoir de mettre devant les élèves, en attendant la remise en route des formations, des professeurs capables d'enseigner. C'est pourquoi nous nous en tenons aux mille postes sur les listes d'aptitude de professeurs des écoles et dans le secondaire, aux 280 postes, plus 100 conseillers principaux d'éducation. C'est le maximum que nous pouvions faire. Cela a un coût budgétaire. Il n'était pas question de remettre en cause l'efficacité pédagogique.

Pourrions-nous utiliser les 1,3 milliard d'euros des heures supplémentaires pour les pré-recrutements ? Ma mission est de réussir les réformes en cours, donc d'éviter de grandes manifestations de professeurs à la rentrée ! Ces heures supplémentaires servent à rémunérer les professeurs. Elles ne seront pas supprimées. C'est l'exonération de charges sociales qui est aujourd'hui en question et demain leur exonération fiscale, liée à la loi TEPA. Ces mesures ne sont pas encore prises, mais je les soutiens, au nom de l'emploi, ces heures supplémentaires représentant quelque 15 000 emplois et de leur répartition, qui est inégale. Les professeurs des écoles en ont très peu bénéficié, et dans le secondaire, elles sont allées davantage aux professeurs des grands lycées de centre ville qu'aux jeunes capétiens des collèges difficiles. La meilleure mesure de mon prédécesseur fut la revalorisation du métier. C'est dans cette voie que nous devons avancer si nous avons de l'argent à distribuer.

Quant au programme Eclair, je vous renvoie à la lettre que nous avons adressée à tous les enseignants. Nous y sommes défavorables. Nous l'avons dit durant la campagne. Des enseignants se sont engagés dans ces dispositifs. Nous avons été élus en mai-juin. Nous n'allons pas tout détruire pour prendre une revanche politique ! Nous allons remettre à plat l'enseignement prioritaire. Nous en constatons les effets pervers sur le terrain. J'ai demandé une mission d'inspection générale rapide, afin que la concertation soit saisie de son rapport. Nos engagements seront tenus.

Nous n'avons pas voulu interrompre les expérimentations en cours. Il faudra les évaluer. Ce qui va en direction de « l'école-socle » doit être favorisé

Une des clés de la réussite de l'école et de la Nation est le dépassement de certaines querelles, telle l'opposition entre pédagogues et Républicains : pour enseigner il faut un savoir, des compétences disciplinaires, mais aussi l'art de transmettre. L'école de Jules Ferry ne fut pas celle des blouses grises et du seul triptyque « lire-écrire-compter ». L'auteur des lois de 1881 et 1882 parle d'éducation « libérale », au sens des « arts libéraux ». Dépassons ces affrontements stériles ! Nous garderons de la loi de 2005 l'idée du socle, à revisiter, à harmoniser avec le brevet, le livret de compétences et les programmes. Nous regarderons les réussites des écoles du socle expérimentales. Au sein de cette grande maison, nous pouvons garder les expériences de terrain positives.

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